May French Sheldon

May French Sheldon

May French Sheldon
1847 – 1936
Exploratrice et féministe

Dans la série « femmes extraordinaires », aujourd’hui : May French Sheldon.

May French, née aux États-Unis a été femme d’affaires, journaliste, éditrice, mais elle est surtout restée célèbre par l’expédition africaine qu’elle organisa en 1891. À cette époque, les explorateurs avaient la cote et véhiculaient une image à la fois romantique et aventureuse. May voulut prouver qu’une femme pouvait devenir exploratrice et diriger une expédition aussi bien qu’un homme.

À 29 ans, elle épouse un banquier, Eli Sheldon, et le couple s’installe à Londres où May lance une maison d’édition. Férue de littérature française, elle assure la traduction de Salammbô de Flaubert.

En 1891, sa décision est prise : elle partira pour le Kilimandjaro. Son objectif affiché étant purement féministe, elle y adjoint des conditions pour faire mieux qu’un homme et promet que, lors de cette expédition, personne ne souffrira de la faim, du froid ou de la chaleur. Il faut dire qu’elle a les moyens financiers d’emmener avec elle provision et matériel en grande quantité. Elle butera cependant sur un objectif : elle avait souhaité que ses porteuses soient uniquement des femmes. N’en ayant trouvé qu’une, elle dut se résoudre à recruter des hommes. Pas moins de trois cents, regroupés à Mombassa, qu’elle fait habiller de façon britiche pour ne pas choquer sa pudeur.

Dès le départ, elle doit imposer son autorité, car les porteurs se mutinent rapidement, n’ayant pas l’habitude d’être sous commandement d’une femme. L’histoire raconte qu’elle dégaina son flingue, abattit un vautour qui passait, lequel tomba à ses pieds et menaça ensuite tous les hommes qui ne mettaient pas illico leur colis sur la tête de subir le même sort que le volatile. On peut supposer que cette légende a été légèrement embellie pour la bonne cause. Mais le fait est que dès lors elle fut surnommée « Bibi Bwana » (« La Reine Blanche ») et l’expédition se déroula sans encombre. Elle atteignit le lac Chala à deux mille mètres d’altitude. Région habitée par les cruels Rombos… qui ne lui firent aucun ennui. Une fois arrivée sur place et son but atteint, elle fit demi-tour et s’en retourna : elle avait prouvé qu’une femme pouvait faire aussi bien qu’un homme et même mieux puisque (presque) personne ne fut blessé et tous les Africains embauchés revinrent payés et satisfaits. Le « presque » s’adresse à elle-même. En traversant une rivière, son palanquin fut renversé. Elle-même fut emportée par le courant et jetée contre un rocher. Elle s’en tira avec une fracture du dos, dont elle cacha les souffrances et qu’elle se garda bien d’avouer lors de son retour. Rentrée à Londres, elle se remit de cet accident, puis écrivit un livre à succès pour raconter son expédition. Elle vécut heureuse jusqu’à l’âge de 89 ans.

jllb