La fille du ciel

La fille du ciel

La fille du Ciel
Drame chinois de Judith Gautier et Pierre Loti

Calmann-Lévy-1911

Encore un trésor de vide-greniers acquit à vil prix…
Ce sont les auteurs qui ont d’abord attiré mon œil. J’ai lu pas mal de livres de Pierre Loti, grand voyageur et passionné d’Orient. Cette fois il s’agit d’une pièce de théâtre qu’il a écrit à quatre mains avec Judith Gautier. Je reviendrai sur l’histoire personnelle de Judith Gautier dans un portrait plus détaillé. Sachez seulement qu’elle était passionnée par la Chine et parlait couramment le mandarin.

Cette pièce, écrite en 1910, se déroule à la même époque. Dans la préface, les auteurs nous expliquent qu’ils se sont inspirés de l’actualité chinoise. La Chine est alors dominée par les Tartares qui ont placé leur propre empereur sur le trône à Pékin, à la place d’un descendant Ming. Toutefois, les Ming détiennent encore une petite province et sont majoritairement soutenus par le peuple chinois. Mais les Tartares ne pensent qu’à les écraser. Un homme, Kan-You-Wey, rêvait de réconcilier les deux peuples et tenta de faire se rencontrer le descendant des Ming avec l’empereur tartare…

Dans « La fille du Ciel », l’empereur tartare conseillé par son fidèle « Puits des Bois » décide de se déguiser et de se faire passer pour un Chinois afin de rencontrer l’impératrice chinoise Ming (surnommée « La fille du ciel »), mère de l’enfant qui aurait dû monter sur le trône à sa place, et dont on lui a dit qu’elle était très belle. Il en tombe follement amoureux. Elle aussi… ne sachant pas qui il est vraiment. De retour à Pékin, il tentera tout pour éviter que les derniers Ming et leur armée ne soient massacrés par ses troupes. Mais ses généraux ne lui obéissent pas. L’impératrice est capturée. Il lui propose la réconciliation de leurs deux peuples, mais il est trop tard : trop de sang a coulé. Inexorablement, on se dirige vers une fin dramatique.

La pièce a été écrite plus spécialement pour Sarah Bernhardt… mais celle-ci l’a refusée. Elle est en prose, avec un texte plutôt poétique et une construction sous forme de tragédie cornélienne. Mais, apparemment, elle n’a pas su séduire ni les comédiens ni le public. Elle aurait, de toute façon, demandé de gros moyens de production puisque les décors décrits par les auteurs auraient dû être assez monumentaux sur scène.

jllb