George Sand

George Sand

George Sand
Alba Gonzalez Sanz
Le Monde

Dans la série « Femmes d’exception » publiée par « Le Monde », aujourd’hui : George Sand.

Cette collection est plutôt pas mal tournée avec des textes intéressants et bien documentés. C’est le cas de la biographie de George Sand, née Aurore Dupin en 1804, fille d’un descendant du maréchal de Saxe, Maurice Dupin de Francueil et d’une roturière, Sophie Victoire Delaborde. Ses parents s’étaient rencontrés à Milan lors de la campagne d’Italie en 1800. Sophie Delaborde était la maîtresse d’un responsable de l’intendance de l’armée française. Elle le quitta pour se mettre en ménage puis épouser Maurice au grand dam de la mère de celui-ci. Son père était l’aide de camp du maréchal Murat, chargé par Napoléon de la conquête de l’Espagne. À quatre ans, Aurore se retrouva habiter le palais Grimaldi à Madrid pendant plusieurs mois avant l’ordre d’évacuation donné par Napoléon suite au soulèvement de la population contre l’invasion française.

Retour en France. Son père et son frère meurent en 1808, le premier d’un accident de cheval, le second de maladie. Aurore se retrouve partagée entre sa grand-mère aristocratique et sa mère qui ne s’entendent guère. Elle passe une partie de sa jeunesse dans la propriété berrichonne de Nohant dont elle héritera. Elle a dix-sept ans quand sa grand-mère décède et dix-huit quand sa mère la pousse dans les bras du Baron Casimir Dudevant, qu’elle n’aime pas spécialement et qui va lui faire deux enfants : Maurice et Solange. Un solide contrat de mariage (grâce à sa mère) spécifie que la dot (la propriété de Nohant et l’argent de la famille) ne peut-être dépensée sans le consentement d’Aurore. Ce qui lui permettra, lors de son divorce de récupérer ses biens.

Car rapidement, le couple s’étiole. Casimir a des maîtresses et Aurore des amants. Elle décide alors de prendre sa vie en main et de gagner son indépendance financière. Elle s’installe à Paris, laissant momentanément ses enfants à Nohant et entame une carrière de journaliste et de romancière. Elle signe son premier livre, intitulé « Rose et Blanche » en co-écriture avec son amant Jules Sandeau, puis son premier livre en solo, « Indiana », qui va défrayer la chronique, sous le pseudonyme de George Sand qu’elle conservera toute sa vie.

Elle va connaître dès lors une vie littéraire et amoureuse très tumultueuse. Ses relations les plus célèbres sont Alfred de Musset et Frédéric Chopin. Ayant éjecté son mari de la propriété familiale, elle fera de Nohant une place de rencontre de la jeunesse intellectuelle et créatrice de l’époque. Elle sera très attentive à l’éducation de ses enfants, même si les liens avec sa fille connaîtront de fortes tensions. Cette relation avec Solange est fort bien décrite dans cette biographie.

En tant que femme, elle a su imposer un mode de vie tout à fait nouveau en s’habillant et en fumant comme un homme. Féministe, elle était aussi pleinement engagée comme socialiste et républicaine. Croyante, elle critiquait avec vigueur l’emprise de la religion sur les femmes. Bref, elle fut une personnalité de premier plan et marqua à tout jamais son époque.

Deux mots rapides sur cette collection qui a été initiée par un éditeur espagnol et donc rachetée par « Le Monde » pour l’édition française. Toutes les auteures des biographies que j’ai eues en main sont des universitaires ou des intellectuelles espagnoles et proposent des textes de qualité. Mais « Le Monde » cherche à dissimuler cet état de fait (peut-être la honte parce que ce ne serait pas écrit par des Français ?), ne cite jamais le nom de l’auteure sur la couverture ou la page de garde : il faut le chercher en dernière page et en tous petits caractères. C’est d’autant plus lamentable qu’il s’agit d’une collection sur les femmes.

Enfin, pour ce qui concerne la biographie de George Sand, j’ai noté pas mal de coquilles, fautes d’orthographe et mots manquants. La traduction aussi laisse à désirer. Bref du sagouinage. (Alors que le « Frida Kahlo » est très bien…)

jllb