Les heures longues

Les heures longues

Les heures longues
Colette
Fayard 1917

Après avoir passé à la moulinette de mon avaleuse de pages un nombre certain de livres récents, romans et essais de tous genres (voire même bandes dessinées) l’envie m’est venue, au détour d’un doigt posé sur la tranche d’un ouvrage oublié de replonger un tantinet dans ce début de vingtième siècle littéraire que j’aime tant.

Si l’impressionnisme était un mouvement littéraire, Colette en serait certainement la maîtresse. Peu d’écrivains possèdent ce don inné, ce talent magnifique, de nous peindre la vie avec autant de richesse dans le vocabulaire, autant de générosité dans l’image.

Les heures longues est un ensemble de 42 textes courts écrits entre 1914 et 1917. Ce ne sont pas des nouvelles, simplement des peintures d’anecdotes, de situations, des impressions et des sentiments ressentis durant ses déplacements en France et ses voyages à l’étranger pendant cette période. La patrie est en guerre contre l’Allemagne. Colette, journaliste au Matin, journal dirigé par son mari Henry de Jouvenel, effectue des reportages et va sur le front où son époux se bat. Elle le rejoint en cachette à Verdun, observe, raconte avec son ton inimitable. Puis elle se rend en Italie où elle séjourne dans de beaux hôtels, ce qui nous vaut des pages magnifiques. (Je vous joins un extrait dans lequel elle parle d’une belle femme italienne enceinte alors qu’elle séjourne près du lac de Côme).

Elle nous conte la vie des soldats, l’histoire de son père qui a perdu une jambe à la bataille de Melegnano en 1859, la rude vie des femmes seules à qui incombe la tâche de faire tourner les fermes. On y croise des enfants heureux (sa fille Bel-Gazou aussi), des chiens et des chats, bien sûr, des arbres et des fleurs, des palais et des ruines, des oiseaux et des avions… Quel plaisir de lecture !

jllb