Ariane
Myriam Leroy
Don Quichotte éditions
Entrouvert à l’étal d’une librairie, coup d’œil sur la quatrième de couverture, acheté et lu dans la foulée en une petite demi-journée. Que me reste-t-il de ce fil d’Ariane ? Le goût d’un roman bien ficelé qui décrit la relation vénéneuse entre deux adolescentes. L’une, beauté métissée d’origine indienne, est adoptée et vit dans un milieu riche et l’autre, fille au physique ordinaire est issue d’une très petite bourgeoisie wallonne catholique et mortellement ennuyeuse.
Elles se trouvent, se construisent dans l’amour d’elles-mêmes et la cruauté envers les autres jusqu’à ce que la machine s’enraye. Le portrait de ces deux ados belges des années quatre-vingt-dix (nonante) est brossé de façon crue, trash et cash. Myriam Leroy y revendique une forme de féminisme, lorsque les filles ont commencé à s’approprier le langage des garçons, à se lancer des « salope », « pétasse » ou « enculée » qui voulaient dire « je t’aime ». On y entend aussi une critique sociale et le cloisonnement de classe qui dans la Belgique de l’époque (mais cela a-t-il changé ?) ne voyait pas d’un bon œil le mélange de personnes issues de milieux différents.
Il ne s’agit pas ici d’une histoire de lesbiennes (elles ne couchent pas ensemble), mais bien du rapport exacerbé de deux jeunes filles qui découvrent à la fois leur pouvoir d’aimer et de nuire et qui abusent de l’un et de l’autre jusqu’à plus soif, avec des conséquences inattendues et finalement déchirantes.
Myriam Leroy avoue s’être inspirée de sa vie personnelle, mais revendique haut et fort son travail d’autrice : Ariane et la narratrice sont bien deux personnages imaginaires. En tout cas on se laisse prendre par ce récit…
Née en 1982, Myriam Leroy est journaliste à la RTBF. Ariane est son premier roman.
Ici, une intéressante interview d’elle : https://youtu.be/xxo1VW0OKpU