Auguste Le Breton, de son vrai nom Auguste Montfort (1913-1999) fut sans doute l’un des meilleurs connaisseurs de l’argot. Il a introduit le mot « rififi » en littérature, même s’il avoue dans son dictionnaire, « L’argot chez les vrais de vrai », que c’est son ami, le Grand Gégène de Montparnasse, qui lui a jeté ce mot à la figure un soir de beuverie dans le bar du Quai de la Fosse à Nantes en 1942. J’ai moi-même utilisé le terme « rififi » dans mon premier polar en 2009 (« Du rififi dans la garbure »), ignorant qu’il avait été créé par un homonyme. Certes, j’avais déjà entendu le mot, mais dans le film de Denys de La Patellière en 1966, « Du Rififi à Paname » et dans la bouche de Jean Gabin. Ce n’est que bien après 2009 que je me suis intéressé à Auguste Le Breton en lisant ses romans autobiographiques : « les hauts murs », « La loi des rues », « Les pégriots » et cette semaine « Les maq’s ». Ce dernier roman a achevé de me convaincre du talent littéraire d’Auguste et de la beauté de l’argot. Céline et Frédéric Dard ont utilisé l’argot tout en l’adaptant à leurs personnalités. Auguste, lui, se targue d’être un puriste. Pour les amateurs, ses textes sont donc de véritables bijoux littéraires, mais pour ceux et celles qui ne connaissent que peu de termes d’argot, ils peuvent être déroutants, voire incompréhensibles parfois.
Je développerai un peu plus sur « les maq’s » dans un autre post. En attendant voici la bio d’Auguste Le Breton, telle qu’elle est résumée en 4e de couverture de ce livre :
« Auguste Le breton, auteur du “Rififi chez les hommes” a tenu son serment : si j’ai un enfant, j’écrirai.
Baptisé Le Breton par les “truands”, l’auteur de “La loi des rues” est, comme son surnom l’indique, né en Bretagne.
Il a un an quand son père, natif de Lorient, se fait tuer dans la Somme à la guerre de 1914. Il passe sa première enfance dans une ferme du Finistère puis est adopté par les Pupilles de la Nation.
De nombreuses années de sa jeunesse s’écoulent des les orphelinats et maisons de correction, vie qu’il raconte dans l’un de ses romans : “Les hauts murs”, qu’il dédie à sa petite fille et à tous ses copains connus et inconnus de l’Assistance publique, des orphelinats, des maisons de redressement et de correction.
À dix-huit ans, on le retrouve sur le pavé de Paris, clochard au sens littéral du mot, couvert de vermine, et les privations le conduisent au bord de la tuberculose. Deux trous au poumon droit qui se recalcifient d’eux-mêmes, sans soins, par miracle. Là, il commence à nouer de solides amitiés avec les voyous de Saint-Ouen de l’époque héroïque chère à Carco, à Mac Orlan et à tant d’autres.
Auguste Le Breton connaît le dernier reflet des fortifications, du pantalon à pattes, des casquettes à carreaux, des filles en jupe plissée et des rixes au couteau. Ces bas-fonds, il les décrit dans “La loi des rues”, suite des “hauts murs”.
Par intermittence, il exerce un peu tous les métiers : terrassier, dépanneur d’ascenseur, garçon couvreur, etc. Le tout entre deux valses dans les bals musette.
Comme beaucoup de rôdeurs, le bal l’attire. Il quitte les bouges de Saint-Ouen et d’Argenteuil pour monter jusqu’aux bals plus huppés de la place Clichy. C’est là qu’il rencontrera les truands d’envergure avec qui il va frayer toute sa vie et dont beaucoup occuperont la vedette des chroniques judiciaires : Pierrot le fou, Mimile Buisson, Abel Danos, Jo Attia, etc.
Des voyages rapides “qui ne supportent pas de question” l’éloignent souvent de Paris, mais il revient toujours à son Montmartre qu’il aime. Il ne fréquente que les bars où se réunit le milieu, ces bars à rafles et à règlements de comptes.
Durant l’Occupation, il dirige des parties de passe et de poker dans des lieux clandestins et son action dans un réseau des forces françaises combattantes lui vaut, à la Libération, la Croix de guerre avec étoile.
Ensuite, il continue à vivre du jeu jusqu’en 1947, année où lui naît une petite fille. Le moment est venu de tenir le serment qu’il s’était fait lorsqu’il couchait dans les entrées de métro : “Si j’ai un enfant un jour, j’écrirai”. Il se met au travail. Mais écrire c’est joli : encore faut-il savoir. Pendant sept ans, il s’astreint à noircir du papier, se voit refuser tous ses manuscrits, dont “les hauts murs”.
Enfin, une occasion lui fait rencontrer Marcel Sauvage, à qui il remet l’un de ses manuscrits. Loin de le décourager, le juré du prix Renaudot lui demande un bouquin en argot. Auguste Le Breton lui apporte “Le rififi”.
Et, depuis, il a publié “Razzia sur la schnouf”, “Le rouge est mis”, “Les racketters”, “Rafles sur la ville”, “Les tricards”, etc., et exploré en solitaire tous les bas-fonds du monde pour sa série “Le rififi” à travers le globe. »