Dans une émission radio d’une heure sur Aligre.fm (disponible en podcast*), Christine Luce, écrivaine engagée, revient sur son parcours personnel, passé, présent et futur.
Elle rend hommage à l’une de ses inspiratrices, Ursula Le Guin (1929-2018) dont l’œuvre originale a fondamentalement marqué le domaine de la Science-Fiction par ses engagements libertaires, féministes et anarchistes. Autant de valeurs dans lesquelles Christine Luce se retrouve. Ajoutez à cela sa passion pour les mondes de l’image et de l’imaginaire, et vous aurez un petit aperçu de sa personnalité. Au passage, elle présente « Les dépossédés » comme une œuvre majeure de Le Guin… Mais elle fait aussi appel à Victor Hugo pour évoquer ces mondes qu’elle adore : « Nos chimères sont ce qui nous ressemble le mieux ».
Femme engagée
Si Christine Luce aime les chemins créatifs et fantasmatiques de nos cerveaux,
elle garde aussi les pieds sur terre et mène une lutte politique et
intellectuelle, ferraillant contre les « auteurs mercenaires » qui
travaillent pour l’armée. Cette institution ayant effectivement fait appel à
des écrivains de SF pour ébaucher (« débaucher aussi ») les scénarios belliqueux
du futur auxquels nous pourrions être confrontés.
Autodidacte et rebelle
« Femme et autodidacte », Luce est « encline à ignorer toute autorité ».
Une rebelle donc qui qualifie sa vie de « roman révolté ». Après avoir
commencé à écrire seule dans son coin, elle crée un fanzine, « L’ansible
dispersée ». (« L’ansible » est un dispositif fictif permettant de
communiquer à la vitesse de la lumière, inventé par Ursula Le Guin dans son
livre « Le monde de Rocannon » nous dit Wikipédia). Cette revue connaît
des fortunes diverses, mais lui permet d’entrer en contact avec des auteurs et
d’entrer dans le monde de l’édition professionnelle.
Pulp fiction
Passionnée par le genre Pulp (les dessins ou romans populaires imprimés sur du
papier peu cher), elle intègre l’équipe des « Moutons électriques »,
maison d’édition indépendante ayant publié de nombreux titres autour de l’imaginaire.
Christine Luce y dirige la collection Artbooks qui lui permet d’assouvir
sa passion pour l’image et découvrir ou redécouvrir des illustrateurs méconnus
ou oubliés. Si l’esprit est « pulp », la qualité des livres, maquette,
impression est irréprochable…
La ligue des écrivaines extraordinaires
Avec « Les saisons de l’étrange », elle participe à plusieurs projets d’édition, dont le titre récent « La ligue des écrivaines extraordinaires », livre qui reprend cinq épisodes mettant en scène des autrices confrontées à leurs œuvres ou à des créatures issues de la littérature imaginaire : « Mary Shelley contre Frankenstein », « Jane Austen contre le Loup-Garou », « Ann Radcliff contre Dracula », etc.
Le retour de la revue « Fictions »
en mars 2021
Les activités de Christine Luce ne s’arrêtent pas là. Elle a elle-même
publié un premier roman, « Les papillons géomètres » (dont j’ai rendu
compte ici : https://jeanlouislebreton.com/?p=2077).
Elle collabore à différents magazines, dont « Les Papiers Nickelés ».
Mais surtout, scoop qui réjouira tous les amateurs de science-fiction, elle
annonce le retour de la revue « Fictions » en mars 2021 dont elle
dirigera la rédaction. Elle annonce déjà la couleur : il y sera question
de « l’imaginaire radical ». On retrouve ses préoccupations politiques
(elle n’hésite pas à revendiquer son gauchisme féministe).
On le voit, Christine Luce est hyperactive. Elle déborde de projets et met ses idées et ses analyses intellectuelles au service de ses activités dans l’édition, la création, le journalisme. Le contraste est assez saisissant avec sa voix plutôt calme et posée dans cette émission où on lui a donné carte blanche. Son discours est entrecoupé de morceaux de musique choisis par elle. Je reprocherai d’ailleurs à cet enregistrement le chevauchement à certains moments de sa parole par la musique qui m’a gêné surtout vers la fin.
Pour nous résumer, voilà une belle personnalité à découvrir et dont je suivrai avec plaisir l’actualité…
(Tiens je n’avais jamais remarqué que « podcast » était si proche de « peau de castor », il doit y avoir quelque chose à creuser)
Quelques liens intéressants :
https://www.moutons-electriques.fr/
