David Golder
Suite de ma série sur Irène Némirovsky. « David Golder » est
le premier roman qui a connu véritablement du succès. Elle l’avait envoyé chez
Grasset avec une adresse de retour en poste restante. Bernard Grasset passa une
annonce dans les journaux pour retrouver l’auteur du manuscrit, persuadé qu’il
s’agissait d’un homme. (On a dit plus tard que Grasset avait en réalité fait un
coup de pub autour de cette histoire).
Quoiqu’il en soit, « David Golder » est sans conteste un roman abouti et facile à lire. Comme elle le fera plus tard, Irène
Némirovsky organise son écriture en chapitres courts, ce qui rend la lecture
facile et agréable. Elle nous fait vivre ici la lente descente aux enfers de
David Golder, financier juif sans scrupules qui entretient une épouse cupide et
une fille volage. Touché par la maladie, Golder est confronté à sa femme et ses
soi-disant amis qui veulent tous tirer le profit maximum de lui avant qu’il
meure. On a accusé Irène Némirovsky d’antisémitisme parce qu’elle reprend
certains clichés sur le juif avide et uniquement intéressé par l’argent. Certes
Golder nous est présenté comme un homme dur en affaires et sans état d’âme.
Mais sa femme et sa fille sont si rapaces et le fait qu’il leur ait sacrifié
toute sa vie de travail pour les couvrir d’argent (c’était sa façon d’aimer sa
famille) finit par rendre le personnage émouvant. Quand il comprend combien ses
rapports familiaux sont creux et vains, Golder va-t-il renoncer à l’argent ou
chercher à en gagner plus ? La réponse est dans le livre, je ne veux pas tout
spoiler.
En 1931, Julien Divivier en a fait une adaptation
au cinéma avec Harry Baur dans le rôle principal. C’était le premier film
parlant pour l’acteur et le metteur en scène. Malheureusement, cette
transposition appréciée, paraît-il, par Irène Némirovsky ne sert pas sa cause.
Le cinéma est incapable de rendre ce qui fait tout le charme de son écriture :
le style ! Enfin, pour être complet, ajoutons que Fernand Nozière en fit une
adaptation au théâtre avec (encore) Harry Baur dans le rôle principal. Mais la
pièce fit un four…