Autrice de Science-Fiction
J’ai une nouvelle amie sur Facebook : Elisabeth Vonarburg. Et, bien évidemment, je ne la connais pas. Enfin, je ne la connais que de nom et nous sommes reliés par un fil ténu (que je vais décrire plus loin) qui a fait qu’un jour sa bobine est apparue dans le fil de mon mur. Dans le post d’Elisabeth que l’algorithme de Facebook a bien voulu me placer sous le nez, elle donne son avis sur « Another Life », une série de SF diffusée sur Netflix. C’est écrit avec une bonne dose d’humour, le style est cash, plein de féminitude (j’aurais pu dire « humanité », mais Elisabeth est une vraie femme alors la casserole est pleine de ces mots qui ne prennent que les « hommes » en considération dans leur forme alors qu’ils s’adressent aux deux moitiés du genre). Et puis elle nous régale de quelques expressions sans doute québécoises dont je ne comprends pas toujours le sens, mais qui sont, pour moi, un enchantement des yeux et de l’oreille (je les fais tourner en interne dans mon caberlot et ça sonne bien). Certains sont évidents comme « gâchonner », e pendant du « spoiler » si à la mode en France en ce moment et pas franchement joli. D’autres sont plus abscons comme « coudon ». En cherchant, j’ai fini par trouver que c’était une déformation de « écoute donc ! ». C’est trop mimi, j’adore.
Le fil ténu qui nous relie
Elisabeth Vonarburg est née à Paris (me dit sa fiche Ouiki). Elle a vécu en France où elle a étudié et enseigné jusqu’à la l’âge de 26 ans avant d’émigrer au Québec. Elle est née « Ferron-Wherlin » et, derrière ce nom, il doit y avoir toute une histoire sans doute passionnante à découvrir. Mais Ouiki ne nous dit pas tout et on sait bien que parfois même il nous raconte des craques, des bobards, des menteries, des galéjades voire des fabulations.
Elle se passionne pour la science-fiction dès 1974, commence à écrire des nouvelles, puis des romans. Et c’est là que le fil ténu commence à se tisser. Dans les années quatre-vingt, je travaillais comme lecteur pour les éditions Denoël, dans la collection « présence du futur » que dirigeait Elisabeth Gille. Or, boum, son premier roman, « Le silence de la cité » paraît justement en 1980 dans cette collection. Nous tenons notre fil. J’ai aimé Elisabeth Gille qui a aimé Elisabeth Vonarburg. N’est-ce pas là un trait d’union (un peu volatile, j’en conviens, mais tellement romanesque, n’est-ce pas ?). Et si j’ai qualifié ce fil de « ténu » (elle va m’en vouloir si elle lit cette prose, mais je sens qu’elle va me pardonner aussi) c’est que je n’ai jamais lu aucun livre d’Elisabeth Vonarburg. (Mais je vais me rattraper, d’ailleurs je viens d’en commander un dont je vous ferai le compte-rendu). Eh oui. Mon travail consistait principalement à lire des manuscrits qu’on allait refuser (pour moi c’était cinq par semaine) et rarement ceux qu’on allait publier.
Pourtant « Vonarburg » est un nom qui me plaît et remplit bien l’oreille. C’est celui de Jean-Joël, homme qu’elle a épousé et dont Ouiki ne dit pas grand-chose sinon qu’il a été transféré en 1973 à Chicoutimi et qu’Elisabeth l’a suivi. Vonarburg est devenu son nom de plume. (Elle en utilise parfois un autre : Sabine Verreault, il faudra qu’elle nous explique tout ça). J’aime beaucoup « Vonarburg ». Ça sonne comme un nom de ville de Science-Fiction. « Burg »… serait un « bourg ». « Von » c’est « de » en allemand. « Elisabeth du Bourg Ar » ? Du « Bourg Art » ? (Oui, je sais, je déraille un peu…). Il n’existe aucune ville sur Google Maps du nom de Vonarburg, mais un magasin de matériel artistique du nom de « Vonarburg My Hobby » se trouve situé à Lucerne en Suisse.
Une « grande dame » de la Science-Fiction (pitié, pas « grande dame »)
Elisabeth Vonarburg a soixante et onze ans. À peu de choses près on est de la même génération. Elle a été couverte de prix littéraires. Voire même recouverte à un point qui serait presque étouffant et qui lui fait dire sur son site perso : « Il y a quelque chose de doux-amer à recevoir un prix de ce genre à soixante ans (même pas l’âge de bronze officiel !) plus encore après, alors qu’on se pense encore un peu vivante quelque part et qu’on croit, ou espère, avoir encore quelques petites histoires à raconter. » Alors je la rassure tout de suite : les posts que j’ai lus d’elle sur Facebook témoignent d’une vivacité d’esprit réjouissante. Se faire traiter de « grande dame » doit donc un peu la défriser parce que l’expression a des relents poussiéreux de statuette posée sur une cheminée. À propos de statuette, vous lirez sur la première page de son site l’aventure qu’elle décrit avec humour de la statuette qu’on devait lui remettre lors de son prix « Cyrano » et qui a mis dix ans pour atterrir chez elle.
On me reprochera peut-être de m’attarder de cette façon sur une personne que je ne connais pas et dont je n’ai presque rien lu. Mais la vie est ainsi faite que ma curiosité ne saurait supporter aucune limite. Je me sens en sympathie avec elle et j’ai une grosse envie de découvrir son travail. Donc, il y aura une suite à mon texte… Et j’espère qu’il vous aura donné également envie de la lire !
Et puis elle a une tête sympathique.