Elles et lui

Elles et lui

Gyp

Flammarion

Mais quel affreux jojo que ce vicomte Gérard de Montespan. Beau garçon, tombeur de femmes, fils à papa et maman, le bougre n’a que deux buts dans la vie : séduire le plus de donzelles et faire un mariage qui l’enrichira. Il se comporte comme le pire des goujats avec sa maîtresse, s’écrase devant sa tante, vieille rombière, parce qu’elle l’arrose de ses subsides et court la dot sans état d’âme, déclarant sa flamme la plus ardente à la plus riche qui lui tombe sous la main et à la suivante si la première ne cède pas.

Une douzaine de saynètes nous le montrent volage et abject, séducteur et crétin, fat et sans cœur. Gyp s’en donne à cœur joie pour flinguer ce jeune beau qui, bien que faisant partie de « la haute » montre un caractère d’une bassesse extrême.

Gyp (1849-1932) n’est pas n’importe qui : née Sybille Marie-Antoinette Gabrielle Riquetti de Mirabeau (petite nièce de Mirabeau), elle est comtesse « de Martel de Janville » par son mariage. À vingt-huit ans, elle commence à publier des articles et à écrire des livres sous le pseudonyme de Gyp. Productrice acharnée elle laissera plus de 120 ouvrages derrière elle. Certes, elle est noble et elle trouve ses personnages dans son milieu. Mais c’est pour mieux les moquer. Féministe, elle donne le beau rôle à ses héroïnes et ridiculise les machos de l’époque. Elle est aussi une adepte de l’argot, ce qui est étonnant au regard de son éducation, mais bien agréable à la lecture de ses livres.

Gyp a beaucoup pratiqué le « roman dialogué ». C’est le cas avec ce livre qui ressemble à une pièce de théâtre puisqu’il est essentiellement composé de répliques, écrites avec beaucoup de verve.

Fausse note dans la carrière de cette autrice originale : son antisémitisme virulent qui lui fera prendre parti contre Dreyfus. Nul n’est parfait, n’est-ce pas ?

jllb