Femmes d’artistes – Femmes artistes

Femmes d’artistes – Femmes artistes

Femmes d’artistes – Femmes artistes
Catherine Lopes-Curval
Éditions Des Femmes

Personne ne doute du fait que de tout temps, les femmes ont été invisibilisées dans le domaine de l’art. Mais il est bon de le rappeler concrètement et le livre de Catherine Lopes-Curval vient opportunément mettre les points sur les « i ». Artiste elle-même, elle a usé de sa plume et de son pinceau pour créer cet ouvrage. Elle nous présente, par écrit, quarante-quatre femmes créatrices ou compagnes de créateurs et chacun de ces portraits est accompagné d’un tableau qu’elle a réalisé. Cette galerie est un voyage dans le temps qui s’étale du 19e siècle à nos jours et montre à quelles difficultés ont été confrontées ces femmes pour pouvoir s’exprimer ou simplement exister.

Sois belle et tais-toi…
J’ai déjà eu l’occasion de parler de certaines d’entre elles comme Clara Schumann* dont l’œuvre a été négligée ou Alma Mahler sommée par son mari de renoncer à toute forme d’art pour se consacrer à son seul bien-être à lui : « Tu n’as désormais qu’une seule profession : me rendre heureux. () Tu dois te donner à moi sans conditions, tu dois soumettre ta vie future dans tous ses détails à mes besoins et ne rien désirer que mon amour. »  Elles ont été nombreuses à devoir abdiquer leur talent sous la férule masculine.

Catherine Lopes-Curval fait bien la différence entre les « femmes artistes », celles qui se sont battues envers et contre tout pour exprimer leur créativité et les « femmes d’artistes », compagnes, muses, souvent douées elles-mêmes, mais qui ont pratiquement toujours été étouffées par l’ogre qu’elles vénéraient et qui les infantilisait. Dans cette brochette d’hommes à la personnalité destructrice, Picasso remporte ici la palme pour le nombre de femmes dont il a fait le bonheur/malheur : Françoise Gilot, Dora Maar, Jacqueline Picasso, Olga Picasso… pour les plus connues. Un seul couple d’artistes présenté ici a su s’épanouir harmonieusement : c’est celui de Niki de Saint-Phalle et de Jean Tinguely. Ce dernier se mettant souvent en retrait pour valoriser l’œuvre de sa compagne : « Jean devient l’assistant de la créatrice. Il intervient comme technicien. Ce n’est pas un couple en rivalité, mais en osmose » nous explique l’autrice.

Dans tous les domaines…
Si elle a privilégié le domaine de la peinture qui est le sien, Catherine Lopes-Curval aborde ici d’autres formes d’art : la littérature (Colette, Simone de Beauvoir, Elsa Triolet…), le cinéma (Anna Karina, Gena Rowlands, Liv Ullman, Mia Farrow, Simone Signoret…) , la musique (Clara Schumann, Yoko Ono…) et la sculpture (Camille Claudel, Nikki de Saint-Phalle…). Beaucoup de ces femmes sont connues et elle nous en rappelle le destin souvent frustré parfois tragique, rarement épanoui. Mais j’ai aussi découvert des personnalités dont je n’avais jamais entendu parler comme Francine Camus, Hortense Cézanne, Marthe Bonnard et bien d’autres. Bref un livre d’utilité publique, mais aussi un objet créatif original puisqu’il reproduit les quarante-quatre toiles que l’autrice a peintes pour la circonstance : un impressionnant travail d’artiste dont la présentation éditoriale nous dit qu’elle « entretient des rapports étroits avec l’imagerie poétique de Magritte ». Toutefois, même si elle s’inspire du grand peintre belge, elle a développé son propre style figuratif et narratif.

Une artiste contemporaine
Née à Bayeux en 1954, Catherine Lopes-Curval est diplômée de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris. Depuis 1983 ses œuvres ont été exposées dans des dizaines de galeries, espaces culturels et musées. Certains fonds d’art comme celui du Centre Georges Pompidou ont fait l’acquisition de ses œuvres.

* https://jeanlouislebreton.com/?p=1269

** https://jeanlouislebreton.com/?p=1323

jllb

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