Géopolitique du Moustique

Géopolitique du Moustique

Géopolitique du Moustique
Erik Orsenna

Erik Orsenna, catapulté ambassadeur de l’Institut Pasteur a voyagé dans le monde entier pour s’informer sur la question des moustiques. Dans cet essai passionnant, il dresse un tableau de leur prolifération galopante, de leur cohabitation avec les humains et de la façon dont nous cherchons à les éradiquer.

Les insectes sont, sans conteste, les animaux les plus nombreux sur Terre. On en dénombre plus de trois millions d’espèces et on découvre chaque année dix mille espèces nouvelles. En comparaison, les vertébrés ne comptent que huit mille espèces.

Et, parmi les insectes, on a répertorié trois mille cinq cent soixante quatre espèces de moustiques. Certes, les moustiques souffrent d’une très mauvaise image à nos yeux. Pourtant, à l’état de larves ils dépolluent les mares ou les flaques. Un bébé moustique peut filtrer jusqu’à deux litres d’eau par jour et la restituer purifiée après avoir absorbé tous les animalcules à sa portée. Ce sont aussi de grands pollinisateurs et le nectar est l’une de leurs nourritures.

Le moustique en lui-même n’est pas dangereux. Ce sont les maladies qu’il transporte qui posent problème. L’animal n’est qu’un vecteur. Aspirant le sang d’une bête infectée, il va inoculer le microbe ou le virus en piquant une autre bête ou un humain. On apprend beaucoup de choses dans le livre d’Orsenna. Que seules les femelles piquent. Qu’elles utilisent leur salive pour fluidifier les globules rouges qui circulent dans leur rostre afin d’éviter que celui-ci se bouche. Et que c’est précisément dans cette salive que se trouvent virus et microbes auxquels elle est elle-même est insensible.

L’auteur fait un bilan des vagues d’attaques de moustiques et de leurs conséquences : la dengue, le Zika et autres joyeusetés qu’ils nous refilent.

Les requins tuent dix personnes par an. Les loups dix aussi ; les lions, cent, comme les éléphants ; cinq cents pour les hippopotames ; mille pour les crocodiles ; deux mille pour les ténias ; dix mille pour les escargots d’eau, les punaises, les mouches tsé-tsé ; vingt-cinq mille pour les chiens ; cinquante mille pour les serpents… Sept cent cinquante mille à cause des moustiques ! (L’homme lui-même tue chaque année environ quatre cent soixante-quinze mille de ses congénères…)

Orsenna passe aussi en revue toutes les techniques imaginées par l’humain pour enrayer le phénomène : insecticide, répulsif, stérilisation des mâles, modification du génome… Rien ne fonctionne vraiment bien. L’extrême rapidité de reproduction des moustiques leur permet de s’adapter à toutes les situations. Reste donc au final à se protéger du mieux possible et à tâcher de cohabiter pour le mieux. Tout combat paraissant perdu d’avance…

Un livre qui se lit comme un polar…

jllb

Les commentaires sont fermés.