Gertrude
Bell
1868-1926
Exploratrice, espionne et élitiste…
Dans la
série « femmes extraordinaires », aujourd’hui Gertrude Bell.
Cette Britannique née en 1868 dans une famille de riches industriels est le pendant
féminin du fameux colonel Lawrence, immortalisé par le film « Lawrence d’Arabie »,
qu’elle a connu et fréquenté.
Après de
brillantes études à Oxford, son caractère aventureux la pousse à escalader les sommets
des Alpes. Puis, elle part pour l’Orient qui, à cette époque, se trouve
principalement sous la tutelle de l’Empire ottoman, c’est-à-dire des Turcs.
Elle se rend à Damas, à Jérusalem et à Bagdad, visite le pays de Moab à dos de
mule ou s’aventure dans le désert à dos de chameau. Rapidement, elle apprend à
parler arabe et noue des contacts avec des chefs de tribus. Elle prend des
notes à vocation archéologique, mais sa principale préoccupation est d’œuvrer pour
l’Empire britannique et d’éliminer l’influence turque de la région. D’autant
que la Première Guerre mondiale s’approche et que les Turcs sont alliés avec
les Allemands.
Côté sentimental, elle fait la connaissance d’un beau soldat anglais, Charles
Doughty-Wylie, dont elle tombe amoureuse. Mais il est marié et ne veut pas trahir
son engagement, malgré les sentiments puissants que lui aussi éprouve pour
Gertrude. Leur relation sera donc aussi platonique que passionnelle. « Je
ne serai jamais votre amant, ma très chère, lui écrit-il. Comme un homme l’est
d’une femme, j’entends. Mais ce qu’il y a entre nous, nous le conserverons et
nous le chérirons. Oui, nous serons sages et nobles… »
Noble de sentiments, Gertrude l’est à l’excès. Elle se considère comme une personne supérieure, méprise le combat féministe et prétend qu’elle n’a nul besoin du droit de vote pour exister en tant que femme.
Pendant et après la guerre, elle travaille pour le renseignement britannique. Mais fascinée par la féodalité arabe, elle en vient, comme Lawrence à prendre parti pour le jeune Fayçal, fils du chérif de La Mecque. Tous deux le soutiendront, contre l’avis de leur gouvernement. En 1921, Fayçal deviendra roi d’Irak et ne renverra pas l’ascenseur à Gertrude…
Dépitée, elle s’installe à Bagdad. Son bel amant est mort en 1915 dans les Dardanelles. Seule, elle continue à se mêler d’intrigues politiques et refuse de rentrer en Angleterre, malgré la demande de ses supérieurs hiérarchiques (qu’elle ne reconnaît pas). Cette solitude devient trop pesante. Le 11 juillet 1926, elle absorbe une grande quantité de barbituriques et meurt sans laisser de lettre. Accident ou suicide ? « L’aventure laisse toujours un sentiment de désillusion » avait-elle écrit à Charles en 1914…