Ce matin, j’ai achevé à la hâte la lecture du livre de François Bégaudeau, « Histoire de ta bêtise ». À la hâte comme on se dépêche d’avaler un mauvais médicament dilué dans un verre d’eau, mais tout de même imbuvable. Et de fait je suis guéri : plus jamais je n’achèterai de livre de François Bégaudeau.
Tout commence sur le plateau de « C’est à vous », il y a de cela quelques semaines, dont Bégaudeau est l’invité pour présenter son livre. Le titre m’interpelle. L’interview menée par Patrick Cohen est plutôt houleuse et tourne au pugilat verbal. Je crois comprendre que Bégaudeau a écrit un pamphlet anti-Macron et il traite Cohen d’idiot qui n’a rien compris à son texte. Voilà qui attise ma curiosité. Comme beaucoup, j’ai voté Macron au second tour. Dire que je le regrette est un euphémisme, mais je persiste à croire, naïvement, qu’il valait mieux éviter Le pen. Point de vue de plus en plus difficile à défendre, je veux bien l’admettre. Il me semble alors que Bégaudeau, par son pamphlet, va peut-être alimenter ma réflexion sur le sujet et me permettre d’avancer dans mes idées. J’achète son livre.
De Bégaudeau, je ne connais que le réalisateur du film « Entre les murs » (que je n’ai pas vu mais dont la critique a été élogieuse et qui a obtenu la Palme d’Or à Cannes en 2008). Un personnage au sourire sympathique qui s’intéresse à l’éducation des enfants défavorisés. Bref, il me fait bonne impression. Les bonnes impressions sont parfois trompeuses, comme on va le voir.
Las, Bégaudeau n’est pas du tout sympathique. Et si le livre s’en prend partiellement à Macron (qu’il dit détester plus que Le Pen, ce que je peux entendre) il est avant tout un ramassis d’invectives envers le lecteur qu’il suppose moins intelligent que lui (possible, mais prétentieux), dénué de toute réflexion, de tout sens critique et englué dans la bourgeoisie de gauche qu’il exècre plus que tout au monde. On se lasse assez vite de cette bordée de scuds. Le livre m’est tombé plusieurs fois des mains, mais j’ai pris le courage d’aller jusqu’au bout pour voir si une lueur constructive allait poindre au bout de ce tunnel de noirceur intellectuelle et perverse. Mais non. Rien que du fiel et encore du fiel. Alors certes, je peux souscrire à un certain nombre de ses analyses à l’emporte-pièce, mais cette morgue, ce mépris, ces crachats qu’il jette au visage de tous sans discernement finissent par se retourner contre lui. Marxiste ? Communiste ? Anarchiste Bégaudeau ? Un peu de tout cela, sans doute, mais surtout seul. Seul à éructer contre tous. Aucune empathie, que de la méchanceté à l’état pur.
Après sa lecture, ma réflexion sur la politique et le monde qui nous entoure n’a pas avancé d’un iota. J’ai simplement la désagréable impression d’avoir dépensé 18 euros pour me faire insulter, salir, traîner dans la boue. J’avoue que l’idée m’a effleurée de renvoyer le livre à son éditeur, enveloppé dans du papier toilette. Puis j’ai pensé qu’il ne méritait même pas de lui sacrifier encore une enveloppe et quelques timbres.
Amis, je vous en déconseille fortement la lecture. Gardez vos sous pour de plus beaux textes.