Journal d’un salaud de patron
Julien Leclercq
Fayard
Le titre est provocateur à souhait et il a incité l’insatiable curieux que je suis à ouvrir l’ouvrage. Celui-ci est habilement construit sous la forme d’une semaine fictive d’un patron de PME (donc découpé en sept journées). Mais elle n’est fictive que par le fait que Julien Leclercq a condensé en huit jours un nombre d’anecdotes, d’expériences et d’aventures qui, elles, sont entièrement véridiques.
Julien est un ami, mais ça n’influe pas sur le jugement plus que positif que je porte sur ce livre. Il est le patron d’une agence de presse située à Astaffort qui emploie une petite cinquantaine de personnes (pour un garçon d’origine parisienne, c’est plutôt chouette et significatif d’une certaine conception de la vie d’avoir choisi de s’installer dans un village de 2000 habitants). Il a aussi créé deux maisons d’édition* et il est impliqué dans un tas de projets et d’associations (comme le club des « déplumés » qui regroupe des chauves… de tout poil !). Il soutient des initiatives comme le mouvement Bleu-Blanc-Zèbre, créé par Alexandre Jardin, qui cherche à impliquer les citoyens dans la résolution de problèmes concrets de la société (voir leur site : http://bleublanczebre.fr/).
Si son livre agite la fibre humoristique, il est avant tout pétri d’humanité. Oui, on peut diriger une PME sans rouler en Ferrari, avoir des idées qui sont apparemment plus proches de la droite que de la gauche sans se comporter comme un salaud de patron et sans rien ignorer du fait que ses collaborateurs sont avant tout des êtres humains. Julien y raconte ses déboires face à l’administration parfois sourde à la réalité de l’entreprise, face aux hommes politiques de tous bords dont la plupart n’a jamais été confrontée à la gestion d’une boîte, face aux procéduriers auxquels toute société doit faire face un jour ou l’autre, face aux banquiers si prompts à vous sourire quand tout marche bien et si prompts à vous fermer la porte au premier accroc, enfin face à la gestion de son emploi du temps et à la nécessité pas toujours évidente de conserver un équilibre entre boulot et vie de famille (au risque de se planter dans l’un et dans l’autre). Il y fait preuve de courage en montrant comment il a agi au mieux (ou au moins mal) lorsqu’il a dû plusieurs fois essuyer de gros coups de tabac (un gros client qui vous lâche sans préavis et tout peut s’écrouler…).
Ce livre plein d’optimisme et joyeusement concret remet les pendules à l’heure. Il critique subjectivement, mais en toute bonne foi tous les organismes intermédiaires dans leurs pires travers (le MEDEF n’y est pas du tout épargné) et propose quelques idées simples et salutaires pour bien gérer une PME. Il a été publié en 2015, mais n’a rien perdu de son actualité…
* Julien et sa compagne Lucie Brasseur ont créé Yakabooks : une société d’édition qui propose des livres de qualité à 2 €. Elle est fondée sur un modèle économique original, audacieux et populaire. Elle édite des romans et des livres pour la jeunesse (https://www.yakabooks.com/)