Julie de Carneilhan
Colette
Quelle épatante petite peste cette Julie de Carneilhan sous la plume de Colette. Âgée de bientôt cinquante ans, elle en avoue quarante-quatre et se regarde vieillir dans la glace après avoir épuisé trois maris. Elle se trouve toujours belle, le sein haut et ferme, une taille de danseuse, un port d’écuyère. Oui, elle est désirable et le jeune Coco Vatard, industriel à la bourse replète, se verrait bien l’épouser.
Mais bien que dégarnie du porte-monnaie, Julie a des principes. Elle est comtesse, prend tout de haut, prend tout de loin, prend tout comme ça vient au gré de ses humeurs, de ses fantaisies, de ses vacheries langagières.
Herbert d’Espivant, son deuxième mari, a épousé en secondes noces la baronne Marianne richement dotée. Espivant qui se meurt après une mauvaise chute ne pense qu’à une chose : revoir Julie et régler une importante reconnaissance de dette qu’il a contractée envers elle. Julie se fiche-t-elle vraiment de cet argent ? N’est-elle pas encore amoureuse d’Espivant ? Elle va le voir, au nez et à la barbe de Marianne, l’engueule d’amour tendre avec une férocité éminemment sentimentale. Bref, Colette nous fait replonger dans son jeu des mots. On tombe dans ses filets avec délice.