La nièce de l’Oncle Sam

La nièce de l’Oncle Sam

La nièce de l’Oncle Sam
Jeanne Marais
1919

Ce roman est le dernier à paraître du vivant de Jeanne Marais (Lucienne Marfaing). Il est publié en feuilleton dans Les Annales, revue littéraire et politique dirigée par Adolphe Brisson. Le dernier chapitre est publié en octobre 1918. Sept mois plus tard, Lucienne, déprimée, se donne la mort. Elle avait pourtant connu un certain succès, mais pas à la hauteur de ses espérances. Et sa créativité tournait un peu en boucle autour des mêmes thèmes obsessionnels : les amours impossibles, les filles à marier, la trahison dans le couple.

Quelques années auparavant, sa mère était décédée et Lucienne ne s’en était pas remise. Dans La nièce de l’Oncle Sam elle invente une héroïne, Laurence d’Hersac, dont la mère se meurt dans des conditions douloureuses. Laurence l’accompagne jusqu’au bout, tout comme Lucienne a accompagné sa propre mère.

Morphinomane, dépressive, ayant raté sa vie amoureuse, sa carrière littéraire et sa vie professionnelle (elle espérait devenir directrice des Annales mais Adolphe Brisson ne lui donna que le rôle de lectrice de manuscrits), Lucienne Marfaing se suicide par le gaz.

 La nièce de l’Oncle Sam met en scène deux couples : deux Américains et deux Français. Bessie Arnott et Jack Warton sont deux riches Américains, amoureux et fiancés. Jack, médecin, est envoyé en France pour diriger l’hôpital américain de Neuilly. Jalouse d’éventuelles rivales françaises, Bessie se fait passer pour un homme et elle s’enrôle dans l’armée afin de le suivre en France. Laurence d’Hersac et son frère François sont de petite noblesse et plutôt désargentés. François est capitaine d’infanterie et se bat sur le front. Laurence et sa mère vivent à Paris. Elles sont criblées de dettes depuis que leurs locataires ont cessé de payer leurs loyers à cause de la guerre. Un débiteur les poursuit avec acharnement. La mère de Laurence, éprouvée par la situation tombe gravement malade. À la recherche d’un docteur, Laurence est aidée par Bessie qu’elle prend pour un soldat américain et qui la transporte, car son taxi est tombé en panne. Celle-ci lui conseille d’avoir recours aux services de Jack Warton pour soigner sa mère. Jack opère la mère de Laurence avec succès, lui permettant de gagner un sursis de quelques semaines de vie. Laurence et Jack tombent amoureux l’un de l’autre. Mais Jack est fiancé et d’un commun accord ils renoncent à leur amour pour ne pas trahir Bessie. Lorsque celle-ci l’apprend, à son tour elle renonce à Jack, malgré sa jalousie. La voix est libre pour Jack et Laurence. Le frère François revient quelques jours en permission pour assister à la mort de sa mère. Il retourne sur le front et se fait tuer. Bessie rentre aux États-Unis. Jack et Laurence peuvent se marier.

Cette bluette aux accents patriotiques (la France est encore en guerre lorsque Lucienne l’écrit) est cousue de fil blanc et franchement peu crédible. On n’y retrouve pas la Jeanne Marais des débuts, caustique et cynique. Ce style mordant qui faisait son charme et sa personnalité. Vaincue par les critiques qui la considéraient comme une écrivaine grivoise, elle rentre dans le rang et perd son âme dans cette littérature consensuelle et fade. Elle en avait très certainement conscience et s’en était ouverte à son cousin André Lang, lui avouant qu’elle n’aimait plus ce qu’elle écrivait…

Parution du dernier chapitre de La nièce de l’Oncle Sam dans Les Annales en octobre 1918…
jllb

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