La parodie galante

La parodie galante

La parodie galante
Jeanne Landre
1928

Même lorsqu’elle se complaît dans une certaine facilité d’écriture, il y a toujours quelque chose de bon à prendre dans les romans de Jeanne Landre. Ainsi cette diatribe contre les hommes machos qu’elle place dans la bouche de son héroïne, Gertrude Mirois, jolie jeune femme que son mari, Félix, trompe avec ostentation :

« En sa conscience, Gertrude ne pouvait plus absoudre Félix Mirois, ni ceux qui lui ressemblaient. Défenseurs de la femme ces paladins ? Allons donc ! Elle n’a pas de pires ennemis. Depuis des millénaires, ils la maintiennent en esclavage, servante de leur volonté, de leurs désirs, condamnée à admirer des prouesses qui révoltent la chair féconde : les boucheries de la guerre, les grimaces de l’amour, l’orgueilleuse bêtise de vouloir conquérir, asservir, annihiler les efforts dont leur gloriole n’est pas bénéficiaire. Tremblantes devant eux, leurs victimes les adorent en même temps qu’elles les haïssent ; il n’y a de place, en elles, que pour les passions extrêmes. Désaxées par les premiers serments qui leur furent faits, la volupté qu’on leur révéla, aveuglées ensuite par la vérité, elles se débattent dans un chaos. L’homme, leur soutien, leur idole, leur raison de vivre, d’aimer, de croire, c’est cela, rien qu’un animal, à certaines heures, et le plus cruel ! »

Pourtant Jeanne Landre se récriait quand on la disait féministe… Pour le reste, ce roman léger est agréable à lire grâce au style de l’autrice et à sa capacité à faire vivre des dialogues bien frappés. Seule l’intrigue pêche parce qu’elle tient plutôt du vaudeville que du roman psychologique : Gertrude, trompée par son mari qu’elle n’aime plus, s’épanche dans les bras de son ami de toujours, Camille Saget, antiquaire et homosexuel. Pour se venger, elle a pris un amant d’un soir dont elle tombe enceinte. Elle l’avoue à son mari et craint sa réaction. Mais celle-ci n’est pas celle qu’elle attendait. Soupçonneux dans un premier temps (il pense que l’amant est Camille…), il accepte la situation et fait tout pour sauver son mariage. Il quitte sa maîtresse en titre et entreprend de reconquérir sa femme. Ce qui n’est pas gagné. Et, comme dans tout vaudeville, l’affaire se termine par un coup de théâtre inattendu (je crois que je viens de faire un pléonasme).

jllb