L’Aristo chez les voyantes
André Héléna
Editions de la Flamme d’Or 1955
Allez hop, un petit polar des années cinquante, vite fait sur le gaz, récupéré dans une broc pour quelques centimes d’euros. La couverture m’a amusé et j’adore cette période où les romans de gare s’écoulaient comme les chouquettes dans une boulangerie.
« L’Aristo chez les voyantes » fait partie d’une série de polars écrits par André Héléna. Je n’avais jamais entendu parler de cet auteur dont la renommée s’est perdue dans les oubliettes de l’Histoire. J’ai donc cherché à en savoir plus sur ce garçon, pensant au départ qu’il s’agissait d’un pseudonyme. Mais non. André Héléna a bel et bien existé. Sa fiche Wikipédia en dit peu sur l’homme. Il est né en 1919 à Narbonne et mort en 1972 à Leucate, donc à 53 ans, non sans avoir pondu une impressionnante masse de romans policiers et érotiques. Il a publié sous un tas de pseudonymes : Noël Vexin, Andy Ellen, Buddy Wesson, Maureen Sullivan, Kathy Woodfield, etc. (Pas moins de dix-sept pseudos !).
Des passionnés se sont intéressés à lui et j’ai glané ici et là quelques informations complémentaires. Il a commencé à publier dans les années quarante et certains de ces livres ont été traduits aux États-Unis, en Allemagne et en Italie. J’ai compté 109 romans publiés. Celui qui m’est tombé entre les mains est plutôt bien écrit et se consomme en deux heures. Il fait partie de la série « L’Aristo » qui compte 16 titres. L’Aristo est une sorte de détective indépendant, au profil aristocratique comme son pseudonyme l’indique et dont la devise est « Bien mal acquis ne profite qu’à moi ». Dans cet épisode, sa petite amie fréquente une voyante : Madame Tabarka. Or il apparaît rapidement que de nombreuses clientes de cette Pythie sont victimes de cambriolages, voire d’assassinats. Bien sûr, le scénario ne casse pas des briques, mais le style est honnête et conforme à ce qu’on pouvait attendre de l’époque. C’est détendant, et ça coule tout seul. Le tout est parsemé d’un peu d’argot ce qui rend la lecture amusante.
André Héléna monte à Paris en 1936 avec quelques poèmes en poche. Il fait la connaissance d’Henri Diamant-Berger qui l’emploie comme assistant-bénévole sur le tournage du film « Arsène Lupin détective ». Expérience qui, sans nul doute, a éveillé sa passion pour le monde du polar. Il boit pas mal, vit chichement, fréquente les filles, les bars louches et le milieu du mitan. Une atmosphère qu’on retrouve dans ses livres. Certains le considèrent comme le père fondateur du roman noir à la française. Mal payé, il écrit à la chaîne jusqu’à pondre quatre romans par mois. Il publie aux éditions Ditis, puis dans diverses maisons dont « Le Fleuve Noir » dirigée par Armand de Caro (éditeur des premiers Jean Bruce, de San Antonio, excusez du peu…). À son grand malheur, aucun de ses romans n’est adapté au cinéma. Son épouse, Marthe, le pousse à reprendre le droit chemin et à retourner à Leucate, pays de son enfance, où il vécut une grande partie de sa vie jusqu’à sa mort prématurée à 53 ans en 1972…