Le livre de Monelle

Le livre de Monelle

Le livre de Monelle

Marcel Schwob

 

Marcel Schwob était un ami intime de Colette. Elle parle souvent de lui dans son livre de souvenirs « Mes apprentissages ». J’ai donc voulu savoir qui il était et lire sa prose.

Schwob est né en 1867 et mort de la grippe en 1905, donc à l’âge de trente-huit ans. Il a toujours été d’une santé fragile. C’est dire que sa vie s’est déroulée comme une flèche. Il a tout de même eu le temps de concocter une étude sur l’argot en 1889 et un certain nombre de livres au style inimitable. Ces zélotes diront de lui qu’il est un génie, qu’il a influencé la nouvelle littérature, en particulier André Gide.

La famille Schwob était originaire d’Alsace. Fin lettré, son père a dirigé le cabinet du ministre des affaires étrangères en Égypte, puis il est devenu directeur de différents journaux, dont « Le Républicain d’Indre et Loire » et « Le Phare d’Indre et Loire ».

C’est naturellement que Marcel s’oriente vers le journalisme après de brillantes études de lettres (il sort premier en licence de lettres en 1888). Il est ami de Paul Claudel et de l’affreux Léon Daudet (je dis de lui que c’est un affreux parce que ce fils d’Alphonse Daudet a été un journaliste d’extrême droite, monarchiste, anti-dreyfusard et une des figures de l’Action française). Marcel Schwob dirige les pages littéraires de L’Écho de paris, fait la promotion d’Alfred Jarry et fréquente tout le gotha intellectuel de l’époque. Il se lie d’amitié avec Willy et Colette. En 1900, il épouse Marguerite Moreno, la grande amie de Colette. Parallèlement à sa carrière de journaliste, il commence à publier des textes dont le style oscille entre le conte, la prose et la poésie.

Il en va ainsi du « Livre de Monelle » initialement publié en 1894. Ce petit opuscule est un ensemble de textes présentant des petites filles sous forme de contes très courts (de 1 à 16 pages). Il y en a moins d’une vingtaine. Monelle est une jeune prostituée, les autres fillettes appelées « sœurs de Monelle » n’ont pas de lien direct avec la première si ce n’est que ce sont des gamines tour à tour sauvages, perverses, rêveuses, déçues, insensibles, sacrifiées, etc. Pour être tout à fait honnête, je n’ai pas du tout aimé ce recueil. Je n’y ai rien compris. Il n’y a d’ailleurs pas grand-chose à comprendre, mais beaucoup à ressentir : des images, des paraboles, des réflexions, des bouts de phrases signifiants pris séparément, mais ne formant pas un ensemble cohérent. Mon esprit n’est pas adapté à l’écriture totalement déstructurée de Marcel Schwob. Pour autant, je suis à peu près convaincu qu’elle doit plaire à tous ceux qui sont capables de se laisser porter par le fil des mots sans chercher un récit précis avec un début, un milieu et une fin.

J’ai vraiment souffert pour aller jusqu’au bout de ces 127 petites pages, parce qu’il me fallait relire deux ou trois fois des paragraphes pour essayer d’en tirer un sens. Je suis têtu et j’ai tout lu. J’ai fini par en avoir des impatiences dans les jambes !

Je ne veux décourager personne de découvrir Marcel Schwob. Je le répète, son écriture est très originale. Peut-être plairait-elle à mon amie Marguerite-Marie Roze, autrice de contes de fées modernes et poétiques…

Au passage, la photo de couverture de cette édition (Éditions Allia) est de Betty Woodman et elle est magnifique.

Marcel Schwob en 1905, dans l’Illustration
jllb