L’enfant du bordel

L’enfant du bordel

Les aventures de Chérubin
L’enfant du bordel

Pigault-Lebrun

N’allez pas croire que je sois victime d’une remontée tardive de libido ou tombé sous la coupe d’une passion soudaine pour la littérature érotique. Il se trouve simplement que, cherchant des livres de Pierre Louÿs dans les vide-greniers, j’ai ramassé dans mon filet quelques vieilleries d’époque à caractère nettement coquin et qui devaient se refiler sous le manteau. Je vous en ai présenté certaines. J’en ai encore quelques-unes à écluser. En voici une belle : « Les aventures de Chérubin, l’enfant du bordel ».

L’auteur, Charles-Antoine-Guillaume Pigault de l’Epinoy, dit Pigault-Lebrun est né en 1753 à Calais et mort en 1835. Il a écrit de nombreux romans (dont « L’enfant du carnaval »), des pièces de théâtre, des ouvrages critiques et d’histoire. « L’enfant du Bordel » est son seul roman érotique. Et paf ! C’est le premier qui me tombe entre les mains. Il est d’ailleurs fort bien rédigé et très amusant. Je vous en livre l’incipit : « Le fils du potentat, comme celui du savetier, sont l’ouvrage d’un coup de cul, et tel occupe un trône qui doit la naissance au laquais qui le sert. Grands de ce monde, ne vantez pas si haut votre illustre origine car, moi qui vous parle, je suis père d’un duc et de deux marquises ; et que suis-je cependant ? L’enfant du bordel ! »

Chérubin est fils d’un comte qui a engrossé une très jolie marchande de mode. Celle-ci meurt en le mettant au monde alors que son père a dû fuir la France suite à une rixe. Pensant que son enfant est mort-né, le comte ne cherche pas à en savoir plus. Chérubin est alors recueilli par les filles d’un bordel qui l’élèvent avec amour. À quatorze ans il est initié aux plaisirs terrestres par la mère maquerelle. Il la trompe rapidement avec Félicité qui est bien plus jolie. Surpris, les deux coupables se sauvent. Pour Chérubin c’est le début d’un long périple aventureux. Il se sortira de tous les dangers qu’il affronte, non pas avec une épée, mais avec l’instrument aussi pointu et dardé que la nature lui a donné. Pour profiter de cet objet du désir, de multiples femmes vont le tirer de situations périlleuses, voire abracadabrantesques. C’est drôle, inattendu, mené tambour-battant et particulièrement cru… À ne pas mettre sous de chastes yeux, mais on s’amuse vraiment à la lecture jusqu’au dénouement en coup de théâtre.

jllb