L’Histoire d’Adèle H… et des autres enfants de Victor Hugo

L’Histoire d’Adèle H… et des autres enfants de Victor Hugo

Je voulais vous faire part de ma déception au visionnage de « L’Histoire d’Adèle H. », film de François Truffaut datant de 1975. Mais avant cela, un petit rappel à propos de la famille Hugo. Le pauvre Victor n’a pas eu de chance avec ses quatre enfants et ses deux petits-enfants. Passons-les rapidement en revue dans l’ordre chronologique. Ses enfants sont tous nés à deux ans d’intervalle.

Les enfants de Victor Hugo

Léopoldine

Léopoldine est née en 1824. Mariée à Charles Vacquerie, elle se noie accidentellement dans la Seine à Villequier en Normandie, avec son mari à l’âge de 19 ans (le 4 septembre 1843). Victor, et toute la famille en resteront inconsolables.

Léopoldine Hugo

Charles

Charles est né en 1926. Journaliste, il était très proche de son père et lui donnera deux petits-enfants : Georges Victor et Jeanne. Mais il meurt brusquement d’un AVC à Bordeaux, à l’âge de 44 ans, le 13 mars 1871. Une semaine avant le début de la Commune. Ses obsèques ont lieu à Paris le 18 mars 1871, le jour même du début de l’insurrection. Les obsèques se déroulent pourtant dans le plus grand calme, car tout le monde respecte Hugo, récemment rentré en France. L’Empire est tombé depuis le 4 septembre…

Charles Hugo

François-Victor

François-Victor est né en 1828. Écrivain, traducteur et journaliste, soutenant la Commune contre Versailles, il est atteint par la tuberculose et meurt à 45 ans, le 26 décembre 1873 sans laisser d’enfants.

François-Victor Hugo

Adèle

Adèle est née en 1830. Traumatisée par la mort tragique de sa sœur Léopoldine, elle montre assez tôt des signes de déséquilibre mental : mythomanie, bipolarité, trouble de la personnalité. On l’a taxée d’érotomanie, car elle est tombée amoureuse d’un officier anglais, Albert Pinson, qu’elle a poursuivi de ses assiduités. Elle le suivra jusqu’à Halifax, au Canada faisant croire à ses parents qu’elle l’a épousé alors qu’il la rejette. (C’est cette histoire qui a inspiré le film de Truffaut). De retour en France, elle est internée et terminera sa vie à l’hôpital de Suresnes en 1915, à 84 ans. C’est donc la seule qui ait survécu à son père (Victor Hugo est mort en 1885).

Adèle Hugo fille, 1862. Photographie d’Edmond Bacot (1814-1875). Paris, Maison de Victor Hugo.

Les petits enfants de Victor Hugo

Voyons du côté des deux petits enfants que Victor a adorés. Il a écrit à leur sujet un fameux traité : « De l’art d’être grand-père ». Il faut croire que cette hérédité était tout de même lourde à porter.

Georges-Victor

Georges-Victor Hugo est né en 1868. Il entame une carrière de peintre. Marié, divorcé, remarié, il finit sa vie tristement dans la misère et couvert de dettes. Il meurt à 56 ans, le 5 février 1925, d’une congestion pulmonaire.

Pierre Lanith Petit, dit Pierre Petit (1831-1909). Photo de classe de Georges Hugo au lycée. Papier albuminé. Vers 1885. Paris, Maison de Victor Hugo.

Jeanne

Jeanne Hugo est née en 1869. Sa vie sentimentale a défrayé la chronique de la Belle Époque. À 22 ans, elle épouse Léon Daudet, fils d’Alphonse, chroniqueur, journaliste engagé à l’extrême droite, antisémite, anti-dreyfusard, querelleur et duelliste : un charmant personnage. Il connaîtra tout de même un grand succès par ses écrits appréciés d’une bonne partie des Français partageant ses idées. Mais le couple s’entend mal et finit par divorcer après la naissance de leurs deux enfants. Jeanne se remarie alors avec Jean-Baptiste Charcot, l’explorateur, fils du célèbre médecin Jean-Martin Charcot (interprété au cinéma par Vincent Lindon). Encore une fois ce mariage est un naufrage. Jeanne reproche à son mari d’être trop souvent absent. Nouveau divorce. Elle épouse en troisièmes noces Michel Négroponte. Ce dernier mari meurt en 1914. Jeanne restera veuve jusqu’en 1941, année de sa mort (le 30 novembre).

On le voit, la descendance Hugo s’est plutôt déroulée sous le sceau du malheur.

Le film de Truffaut

Retour au film de Truffaut. Il a une qualité : nous faire découvrir Isabelle Adjani à l’aube de sa carrière. Elle a vingt ans, c’est son premier film important. Truffaut qui l’a découverte à la télévision la veut impérativement. (Un article dans Télérama rend bien compte de cette relation : https://www.telerama.fr/cinema/comment-francois-t-a-t-il-transforme-isabelle-a-en-adele-h,117760.php). Mais, pour ce qui est du film, il a très mal vieilli. Mise en scène conventionnelle, musique épouvantable, symbolique à coups de serpe (les cauchemars d’Adèle H), casting raté pour Albert Pinson (interprété par Bruce Robinson, très mauvais). Et casting décalé pour Adjani qui a vingt ans alors qu’elle interprète Adèle à l’âge de trente ans (bon, à la limite…) Bref, j’avoue avoir décroché au bout de 45 minutes. Truffaut, Nouvelle Vague ? Allons donc, ce film multi-récompensé en 1976 traverse bien mal les décennies et me paraît aujourd’hui, à peine digne d’un téléfilm à petit budget des années 80. C’est dire…

jllb

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