Les dédicaces de livres sont parfois intéressantes. Ainsi, alors que je m’apprêtais à lire un livre de Jeanne Landre, « Mordus ou les amours contrariés » paru en 1921, je tombe sur la dédicace suivante : « À Lucy Pezet, dans l’espoir de la faire sourire. Son amie de toujours, Jeanne Landre ».
Vous le savez, il n’en faut pas beaucoup pour attiser ma curiosité. Lucy Pezet ? Qui est-ce ? Je n’en ai jamais entendu parler… Il pourrait aussi bien s’agir d’une amie personnelle qui n’appartient en aucune façon au monde artistique ou littéraire. Mais, juste pour voir, je googlise le patronyme en question. Et il appert que, sans avoir laissé énormément de traces, cette Lucy Pezet n’était pas n’importe qui. Sur « l’Encyclopédie multimédia de la comédie musicale théâtrale en France », elle est présentée comme une interprète de chansons : « Bébel et Quinquin » en 1923, « Ah ! Flûte ! » en 1924. Elle a participé à plusieurs comédies musicales : « Une revue » en 1926, « Mme Chocard » en 1930…
Puis, j’apprends qu’elle était originaire de Montmartre et qu’elle y a joué et chanté dans le cabaret « La Lune Rousse » fondé par Dominique Bonnaud et Numa Blès en 1904. Je trouve une magnifique affiche dessinée la représentant entre les deux comiques. Petite anecdote en passant : ce fameux cabaret de La Lune Rousse a été réquisitionné par mon arrière-grand-mère, la très féministe Maria Vérone, pour en faire un ouvroir (un atelier de travail) qui accueillait les femmes démunies pendant la Première Guerre mondiale.
Sur le site « Du temps des cerises aux feuilles mortes » (1) je déniche un tas de photos en vrac, dont une qui présente Lucie Pezet de profil en 1904. Une tête sympathique.
Elle chantait et se donnait en spectacle… mais pas que. Dans « Le Journal Rose » de juillet 1913, elle écrit un conte baptisé « L’orgueil de Louise ». Mais est-ce bien elle, car le texte est signé « Lucie » et non pas « Lucy » ? Voilà qui m’incite à faire des recherches dans le monde des vieux livres. Sur Abebooks, je trouve un livre complet, encore signé « Lucie Pezet » et intitulé « Les jeunes Parisiens », paru en 1909 (2). C’est une réédition d’un livre d’époque proposée par un vendeur indien. Rien sur Ebay. Sur Amazon, je tombe sur la couverture du magazine « Paris qui Chante à la Lune Rousse » avec sa photo entre ses deux compères Bonnaud et Blès. Je visite quelques autres sites spécialisés, sans succès.
Étape suivante : la recherche sur Gallica, site spécialisé de la Bibliothèque nationale de France. 159 résultats sous le nom de « Lucy Pezet ». Principalement des articles sur des spectacles auxquels elle participe. Par exemple « Enlevez, c’est… Pezet » au cabaret de l’épatant en 1914, « Allo Là-Haut » à la Lune Rousse en 1921. Elle est connue internationalement puisque dans la revue anglaise « Jazz », elle est présentée comme « queen of the cabarets », la reine des cabarets de Montmartre…
Dans la revue « Saint-Nicolas – journal illustré pour garçons et filles », c’est une pièce de théâtre complète, « Une opération délicate », qui est publiée sous le nom de « Lucie Pezet ». Enfin dans « Les modes », revue illustrée des Arts décoratifs appliqués, de1921, je déniche une photo de « Lucie Pezet », mais est-ce bien la même qui se produisait dans les cabarets de Montmartre ?
J’arrête ici pour aujourd’hui. Si je pousse mes recherches plus avant, je vous tiendrai au courant ! Décidément, c’est chaque fois une aventure que de se promener dans les livres.
1 : http://www.dutempsdescerisesauxfeuillesmortes.net/textes_divers/photos_en_vrac/photos_en_vrac_03.htm