Un carnet de bal

Un carnet de bal

Un carnet de bal
Film de Julien Duvivier
1937

Janet Flanner, en 1937, écrit ceci : « Le film pour lequel les Français font la queue est “Un carnet de bal”, au Ciné Marivaux. Ce n’est pas seulement un des plus grands films que les Français aient jamais produits, mais aussi un des plus grandioses qu’Hollywood fit jamais ». Rien que ça. En réalité, il a marqué son époque en ce qu’il était le premier film à sketches. Pour autant, ce n’est pas un film drôle et il oscille entre la tragédie et la comédie. Il a surtout été réalisé pour mettre en valeur les comédiens qui étaient les grandes vedettes de l’époque, à savoir : Marie Bell, Françoise Rosay, Louis Jouvet, Harry Baur, Raimu, Fernandel, Pierre Blanchar et Pierre Richard-Willm (la postérité n’ayant pas retenu le nom de ces deux derniers).

Le scénario est assez simple. Jeune veuve, Christine (Marie Bell) retrouve le carnet de bal de ses seize ans et décide de reprendre contact avec les six amoureux qui lui avaient déclaré leur flamme à l’époque. Georges, le premier s’est suicidé par amour pour elle. Christine se retrouve face à sa mère (Françoise Rosay) qui a légèrement fondu un plomb. Pierre (Louis Jouvet) est devenu « Monsieur Jo » ancien avocat, désormais truand notoire et tenancier de cabaret où s’exhibent des femmes nues. Alain (Harry Baur) est entré dans les ordres et dirige une chorale d’enfants (pédophilie en vue ?). Éric (Pierre Richard Willm) est un guide et n’aime que la haute montagne. François (Raimu), maire de son village s’apprête à épouser sa bonne. Thierry (Pierre Blanchard) exerce comme médecin clandestin avorteur à Marseille. Enfin Fabien (Fernandel), coiffeur pour dames est un dragueur de première.

Alternant sketches comiques (Raimu, Fernandel) et dramatiques (Rosay, Jouvet, Baur, Blanchar), Duvivier construit un film finalement assez décousu. Le fil rouge est tenu par la belle Marie Bell, femme autocentrée à la recherche de son passé. 84 ans plus tard, il reste tout de même intéressant par sa réalisation (avec un petit abus des prises de vue en angle) et surtout par les numéros d’acteur de chacune des vedettes. Les rôles ayant été taillés et écrits sur mesure pour eux. Jolis cadrages et cabotinages sont les deux mamelles de ce film.

jllb