Vénus Erotica
Anaïs Nin
Si ce livre m’était passé entre les mains à l’âge de quinze ans, j’aurais sans doute été souvent en état d’érection pendant sa lecture. Mais j’ai soixante-six ans, période de ma vie où le cérébral l’emporte sur l’animal et quand je lis un texte je regarde le style de l’auteur et je m’interroge sur le message qu’il (ou elle) a voulu faire passer. « Vénus Erotica » est un ensemble de nouvelles érotiques, commandées à Anaïs Nin et donc écrites avant tout dans un but commercial. On y trouve de quoi satisfaire les instincts les plus nobles, comme les plus bas puisqu’elle y parle de fétichisme, de nécrophilie et même de viol. Comment la suivre quand elle écrit « Le viol était un besoin chez la femme, un désir érotique secret » ? Pas sûr que ce soit le fantasme caché de beaucoup de femmes.
Sur le plan littéraire, les nouvelles manquent de construction et se terminent souvent en queue de poisson (si je puis utiliser ce terme dans le cas de ce livre…). Les textes sont sans doute inspirés de sa propre vie, de sa relation avec Miller et de cette période d’entre deux guerres où l’Europe paraissait un havre de liberté en comparaison de l’Amérique puritaine qui sortait à peine de la Prohibition.
Pour le reste, les personnages de Nin ne sont motivés que par une seule chose : leur vie sexuelle. À la lecture, j’avais tendance à les considérer comme des handicapés de l’existence. Des gens chez qui l’obsession du corps finit par occulter la curiosité du monde qui nous entoure. Et qui, par conséquent, passent à côté de tant de choses…