À quoi rêvent les jeunes filles

À quoi rêvent les jeunes filles

À quoi rêvent les jeunes filles
Alfred de Musset

Voici quatre petits textes, deux piécettes de théâtre et deux contes, écrits par Alfred de Musset entre 18 et 22 ans. On peut les considérer comme des brouillons de ce qu’il écrira plus tard, car ils ne sont clairement pas aboutis, ni dans le récit ni dans le style. On les lit donc par curiosité, rapidement car ils sont courts et cela permet de mesurer le chemin parcouru par l’auteur. Car deux ans plus tard il écrira « Les caprices de Marianne » ou « Lorenzaccio » et ensuite « On ne badine pas avec l’amour ».

À quoi rêvent les jeunes filles

Le titre est aguicheur, le texte l’est moins. Laerte est père de deux filles, Ninon et Ninette, qu’il veut marier. Il a sous la main deux prétendants, Irus et Sylvio qui lui conviennent, mais qui sont timides. Laerte est persuadé que les jeunes filles rêvent d’un prince qui ose, qui sache se battre et qui soit vainqueur. Il organise une fausse bagarre avec Silvio, mais le stratagème est éventé. Irus et Sylvio se battent réellement en duel. Mais, trompées, les filles ne veulent ni de l’un ni de l’autre et demandent à entrer au couvent. Finalement leur père usant de son droit, les obligera chacune à épouser l’un des garçons.

Les marrons du feu

Rafaël Garuci a pour maîtresse la belle Camargo, danseuse de son état. Mais il s’est lassé d’elle et s’intéresse plutôt à Rose et à Cydalise. Sortant de chez la Camargo, il croise l’abbé Annibal Desiderio qui, lui, est fou amoureux de la Camargo. Rafaël lui propose d’échanger leurs vêtements afin que l’abbé puisse, dans le noir, profiter d’une nuit d’amour avec la Camargo. Par cette astuce, il pense que la danseuse tombera sous le charme de l’abbé. Mais la Camargo ne se laisse pas prendre au piège. Furieuse et réclamant vengeance elle dit à l’abbé qu’elle se donnera à lui s’il tue Rafaël. Ce qu’il fait : il le poignarde et jette son corps à la mer. La Camargo demande une preuve de ce meurtre, mais le corps ayant disparu l’abbé ne peut pas en donner : elle se refuse à lui.

Portia

Le comte Onorio Luigi aime sa femme Portia, mais il est jaloux et la soupçonne de le tromper. Faisant semblant d’aller dormir, il se cache dans la chambre de son épouse. Et dans la nuit, le jeune chevalier Dalti arrive. Il est l’amant de Portia et lui déclare à nouveau sa flamme. Le comte sort de l’ombre et les surprend. Les deux hommes se battent et Dalti tue le comte. Les amants se sauvent. Dalti avoue alors à Portia qu’il n’est pas Chevalier, mais un simple pêcheur sans fortune et qu’elle peut renoncer à lui. « Dieu rassemble les amants, dit Portia, nous partirons ensemble. » Mais le conte se termine sur cette phrase sibylline : « Mais le pêcheur se tut, car il ne croyait pas ». Faut-il comprendre qu’il ne croyait pas en Dieu, mais qu’il accepte la femme tout de même ? Pas très clair…

Mardoche

Mardoche, descendant de Jeanne d’Arc nous dit l’auteur (on se demande comment puisque la pucelle était vierge…) est amoureux de Rosine qui l’aime aussi, mais qui est mariée. Pour passer une nuit d’amour avec elle, il demande à son oncle Evrard, bedeau à Meudon, de lui prêter sa chambre. L’homme d’Église commence par refuser, mais Mardoche fait mine de se tuer s’il n’accepte pas : il cède donc enfin. Rosine vient le rejoindre, mais son mari l’a suivie et débarque en plein adultère. Mardoche saute par la fenêtre, se foule un pied et se sauve. Rosine finira ses jours au couvent. Que devient Mardoche ? « Pour changer d’amour, il lui fallut six mois à voyager ». Moralité : c’est toujours la femme qui trinque.

jllb