La foire aux vanités
William Thackeray
Si « La Foire aux vanités » est un succulent pavé de près de 960 pages composé de 67 chapitres, c’est qu’il est paru en feuilleton dans le magazine Punch en 1846. L’auteur, William Thackeray nous dresse un portrait de la bourgeoisie anglaise du début des années 1800. Il nous conte la destinée de deux jeunes filles issues du même pensionnat qui se sont liées d’amitié : Amelia Sedley et Rebecca Sharp. La première est d’une lignée fortunée, la seconde a perdu ses parents et ne possède rien. Rebecca est accueillie dans la famille d’Amelia et fait connaissance du frère de celle-ci, Joseph Sedley un garçon déplaisant, imbu de lui-même… mais riche. Rebecca se met en tête de l’épouser, mais ses projets sont contrecarrés par George Osborne, jeune homme issu de l’aristocratie anglaise amoureux d’Amelia. Osborne qui veut marier cette dernière considère qu’il serait malvenu d’avoir pour belle-sœur une femme qui ne soit pas de son milieu. Dobbin, le meilleur ami d’Osborne, lui aussi d’origine modeste (ses parents étaient épiciers) est follement épris d’Amelia, mais sa condition l’oblige à céder devant Osborne.
Dès lors les personnages sont en place et William Thackeray n’a plus qu’a dérouler un scénario plein de rebondissements et de coups de théâtre dont les deux filles sont tout de même les personnages principaux. Les événements se déroulent pendant la guerre entre l’Angleterre et la France. Dobbin et Osborne étant officiers, ils participeront à la bataille Waterloo. Rebecca ne pouvant épouser Jo Sedley se rabat sur un autre militaire, Rawdon Crawley neveu de miss Crawley dont il guigne la fortune.
Au fil des épisodes, les jeunes femmes vont connaître des sorts divers : Amelia est ruinée. Elle épouse cependant Osborne contre l’avis de la famille de celui-ci. De cette union naîtra un enfant. Osborne meurt à Waterloo. Ses parents rejettent Amélia… Dobbin pense que sa chance est venue d’épouser Amelia. Mais elle reste fidèle à la mémoire de son mari… Jusqu’au jour où, ayant peur de le perdre à son tour (il veut repartir aux Indes), elle finira par lui céder…
Etc., etc.
On est dans la grande tradition des feuilletonistes. L’ensemble se lit aisément, d’autant que Thackeray ponctue son récit de remarques personnelles sur la bonne société anglaise dont on sent qu’il la critique et qu’il l’aime à la fois. L’auteur a lui-même connu des hauts et des bas. Riche héritier de la fortune de son père (un administrateur de la Compagnie Britannique des Indes), il dilapide son argent dans de mauvais placements. Il se lance dans l’écriture et publie une série de portraits de ses contemporains dans la revue Punch (Les snobs d’Angleterre). Il connaît le succès avec « The Vanity Fair ». Il est aussi l’auteur des « mémoires de Barry Lindon », roman adapté au cinéma par Stanley Kubrick. La critique l’a opposé à Charles Dickens en raison de son puritanisme. Là où Dickens promène sa plume dans les bas-fonds de Londres, Thackeray se complaît à décrire la société bourgeoise dont il fait partie.
À noter que Thackeray a lui-même illustré son roman. Vous trouverez quelques-unes de ses illustrations ci-dessous.