Les
papillons géomètres
Christine Luce
Éditions Hélios
Honnêtement, la littérature fantastique ne me branche plus depuis des années (j’étais très fan, pendant la décennie 80). Alors j’ai ouvert le livre de Christine Luce avec un a priori négatif, mais je l’ai ouvert tout de même parce que nous sommes récemment devenus amis (on s’est « amirachés » sur FB) et qu’elle a eu la gentillesse de m’en envoyer un exemplaire.
Eh bien je l’ai lu d’une traite et avec beaucoup de plaisir, comme quoi… Et il y a plusieurs raisons à cela. D’abord parce que c’est très bien écrit. Christine a du style et du vocabulaire ce qui, de nos jours, n’est pas si courant. Ensuite si l’intrigue n’est pas datée clairement, on sent qu’elle se déroule fin 19e début 20e siècle, ma période de prédilection et, de surcroît, à Londres. Un Londres foggy à souhait dans lequel évoluent des entités dignes de Conan Doyle.
L’intrigue ensuite. Elle est ficelée avec une intelligence clairement au-dessus de la moyenne. Moi qui écris des polars, je reste pantois devant ces auteurs capables de développer un scénario à la fois prenant et complexe où les motivations des personnages sont plus épaisses que le Bottin mondain des années trente et où l’imagination nous entraîne carrément en dehors du monde réel sans nous lâcher la main. Parce que dès que la réalité dérape, on a tout de même besoin d’être guidé un chouïa, même si certaines situations nous échappent.
Le pitch rapide : la femme de John Blake a disparu et elle est morte. Comment le sait-il ? Parce qu’il communique avec elle par l’entremise d’une médium : Mary-Gaëtane Lafay. C’est ce que nous raconte le narrateur en début d’aventure. Or, on se rend vite compte que ce narrateur n’est pas un homme de chair et d’os, mais une entité, un fantôme si vous voulez, évoluant dans l’outre-monde et chargé d’enquêter sur l’affaire. Dès lors la course à la vérité se déroule dans deux univers parallèles qui s’entrecroisent et s’interpénètrent chaque fois que l’entité entre en contact avec la médium. Une bonne occasion pour Christine Luce de s’interroger sur le sens de la vie, mais aussi pour valoriser le point de vue féminin. Mary-Gaëtane et son acolyte Maisy nous rappellent Sherlock et Watson (en nettement plus sexy). Enfin l’auteure a su créer une ambiance qui évoque les meilleures pages de Lovecraft, mais à la Française, s’il vous plaît !
Deux petits points négatifs : je n’aime pas la couverture ni le titre. Mais ça n’influe pas du tout sur le contenu et la façon positive dont j’ai perçu ce joli roman.
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