Une passade

Une passade

Une passade
Pierre Veber et Willy

Décidément, Willy savait choisir ses collaborateurs. Ce roman signé à quatre mains, mais principalement écrit par Pierre Veber, est une petite perle d’humour (et de machisme aussi, attendu que les auteurs de l’époque n’avaient intégré aucun des standards du féminisme qui prévalent de nos jours chez les garçons à l’esprit ouvert).

Ce roman est une énième mise en scène de la vie d’Henry Gauthier-Villars, alias Willy, qui n’aime rien tant que de conter ses propres aventures amoureuses en utilisant divers pseudonymes, le plus courant étant celui de Henry Maugis (journaliste et critique musical, comme Willy).

Henry Maugis donc, fait la connaissance de Monna, une superbe fille qui traîne avec une bande d’anarchistes dont il est l’ami. Monna est belle et libre. Elle ne porte pas de corset, choisit ses amants et revendique sa passion pour la volupté. Elle jette son dévolu sur Maugis qui, pendant cinq jours, va devenir « sa chose ». Non pas qu’elle veuille en faire son esclave, mais elle lui impose sa fougue amoureuse, le traîne dans les bals qu’elle adore, l’emmène manger chez la mère Combat qui est une amie (mais dont la tortore est ignoble aux papilles de Maugis qui se garde de la moindre critique de peur de déplaire à Monna).

Ils font l’amour éperdument pendant cinq jours et Monna lui avoue qu’il pourrait bien être l’amoureux qu’elle cherche depuis toujours, celui pour lequel elle est prête à renoncer aux autres. Elle se pique d’écrire et lui lit ses œuvres : de la littérature symboliste et niaise que Maugis n’ose critiquer. Dans son lit, il oublie tout : ses amis, son travail, sa vie d’avant. Mais, au bout de cinq jours, rincé et lessivé, il décide tout de même de remettre un pied dans sa vie d’antan. Il quitte Monna pour un dîner avec ses copains et promet de revenir le soir même. Confiante, elle lui donne ses clés, ce qu’elle n’a jamais fait avec aucun autre.

Hagard et livide, le voilà qui retrouve ses proches, inquiets de ne plus le voir depuis un moment. Il raconte son histoire, sa passion, son envie même de se mettre en couple. Comment vont donc réagir ses compagnons ? La suite dans « Une passade » (je ne divulgâche pas tout…)

Malgré l’ironie et le persiflage que les auteurs distillent à propos de Monna, on ne peut s’empêcher d’être pris de sympathie, voire d’empathie, pour cette fille sincère et entière qui ne se donne jamais à moitié. À côté d’elle, Maugis et ses amis paraissent être de tristes sires…

Le livre est agrémenté de superbes illustrations de Luc Barbut-Davray qui apportent beaucoup de charme au récit.

jllb