Le renégat – Nouvelle

Le renégat – Nouvelle

Le Renégat
Nouvelle de Jack London

Dans cette courte et touchante nouvelle intitulée « Le Renégat », Jack London décrit le quotidien des enfants obligés de travailler dans les usines aux États-Unis, à la fin du 19e siècle ou au début du 20e. L’histoire n’est pas datée. Elle a été publiée en France en 1931, soit 15 ans après la mort de l’auteur.
À douze ans, Jeannot doit se lever tous les matins pour se rendre à la filature. La loi interdit le travail avant quatorze ans, mais lorsque l’inspecteur passe tous les enfants mentent sur leur âge. Jeannot sait qu’il est le seul soutien de famille et qu’il doit rapporter l’argent pour nourrir son frère et sa sœur plus jeunes. Le père a délaissé la maison. Un bienfait puisqu’il le battait. Sa vie est un éternel recommencement. Il ne se plaint pas, il ne pense pas, il agit comme une mécanique. Il croit que le faux café que lui sert sa mère le matin est la meilleure boisson au monde, car il n’en a jamais bu du vrai. Certes il aime les bonbons, mais il n’en mange quasiment jamais. Alors, lorsqu’il trouve un dollar par terre et qu’il va s’en acheter en cachette, il culpabilise à mort. Il perd la monnaie et pense qu’il a été puni de ce péché…
Il trime dur, ne réfléchit pas. Il accepte son sort car il n’en connaît pas d’autre. Il fait partie des meilleurs ouvriers pour son âge. Il est usé avant l’heure, desséché et fragilisé par le labeur et finit par tomber malade. Le médecin lui ordonne le lit pendant huit jours. Une semaine qui va changer sa vie. Une semaine sans répéter les mêmes mouvements de l’usine. Il les compte dans sa tête : trente-six mille mouvements de bras par jour. Un million de mouvements par mois. Douze millions de mouvements par an. Au bout de ces huit jours, il estime qu’il en a fait assez et décide de ne plus jamais retourner à l’usine. Jeannot est devenu un renégat…

Dans cette nouvelle, le héros s’appelle Jeannot… Johnny… John en fait : le nom de naissance de jack London (en réalité John Griffith Chaney). Né en 1876, il a connu la misère dans son enfance. À quatorze, il travaille à la conserverie de saumon Hickmott : douze à dix-huit heures par jour à dix cents de l’heure. Il en garde un souvenir amer qu’il exprime dans ses nouvelles et ses romans. Son envie de liberté le fera devenir aventurier, voyageur intrépide, alcoolique invétéré et même « pilleur d’huîtres ». Heureusement il est passionné de lecture, commence à écrire, publiera nouvelles et romans qui le sortiront de la misère, mais ne l’empêcheront jamais de militer pour le parti socialiste américain : l’extrême gauche de l’époque. On le connaît pour ses romans d’aventures, mais il était avant tout un militant de la cause humaine…

La nouvelle est parue en France dans Les Œuvres Libres en janvier 1931.
En pièces jointes : 2 photos de Jack London (1876-1916)

jllb

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