Nézida

Nézida

Nézida
Valérie Paturaud
Éditions Liana Lévi

Voilà typiquement un texte qui, à mon goût, ne tient pas les promesses de sa couverture ornée d’un bandeau rouge arborant ce slogan : « Liberté, égalité, féminité ». J’attendais du combat, de l’engagement, du féminisme… et j’ai été déçu.

Valérie Paturaud nous contel’histoire de Nézida Cordeil, née en 1856 à Comps dans la Drôme. Pour ce faire, elle a recours à un petit stratagème littéraire : faire parler les proches de Nézida (ses parents, son mari, ses frères, ses ami(e)s) qui racontent tous la même histoire de leur point de vue. Histoire assez simple par ailleurs. Nézida est née dans une famille de fermiers protestants. Sa mère aurait préféré un garçon pour reprendre la ferme et elle n’est pas tendre avec cette petite fille. La situation s’arrange un peu lorsque naissent ses deux frères. Nézida ne veut pas d’une vie de fermière. Elle repousse les prétendants locaux et se consacre à la lecture. On moque un peu cette vieille fille qui à 26 ans n’est toujours pas mariée. Jusqu’au jour où un garçon de la ville, de bonne famille, tombe amoureux d’elle et l’enlève (avec la bénédiction de ses parents, tout de même). Elle s’adapte rapidement à sa nouvelle vie bourgeoise et décide de faire des études pour devenir infirmière. Bonne épouse, bonne chrétienne, elle fréquente assidûment le temple et les institutions religieuses. L’arrivée de sa grossesse va bousculer cet ordre bien établi*.

La « liberté » est symbolisée par le libre choix de ne pas épouser un paysan. « L’égalité » par l’ambition de Nézida de faire des études (ce dont elle n’aura pas le temps, car elle va mourir jeune). Et la « féminité » ? Eh bien ma foi, je ne vois pas trop. Nézida est rapidement passée au stade de la petite bourgeoise de province qui ne fait pas de vagues et ne remet pas en cause sa subordination à l’homme qu’elle aime ou à la religion.

Bref, un récit bien pâle. Nézida a existé. Valérie Paturaud a trouvé sa photo dans un essai généalogique qui retrace l’histoire d’une famille protestante dans la Drôme (où vit l’autrice elle-même). Cette image l’a interpellée et elle a romancé la vie de la jeune femme telle qu’elle l’imaginait pensant ainsi lui rendre hommage en la sortant des oubliettes de l’Histoire.

* Divulgâchage pour ceux qui ne veulent pas lire le livre : elle meurt d’une septicémie peu après la naissance de sa fille qui, elle-même, ne survivra que quelques jours.

jllb