Le Cantique des Cantiques

Le Cantique des Cantiques

Voilà un texte qui pourrait bien me réconcilier avec la Bible, moi affreux mécréant et libre-penseur. Le « Cantique des Cantiques » est un poème attribué au roi Salomon et faisant partie de l’Ancien Testament. Il est composé de 16 parties (ou chants) assez courtes et vante clairement l’amour physique. Il est souvent interprété par les exégètes religieux comme une allégorie. Les juifs y voient l’expression de l’amour de Yahvé pour Israël et les chrétiens pensent qu’il exprime les sentiments du Christ pour l’Église. Moi, je ne vois rien de tout ça. Le texte parle de lui-même : il s’agit bien de désir charnel entre deux personnes et non point de religion.

Beaucoup de croyants rigoristes, comme Jean Calvin, le considérèrent comme profane et auraient souhaité l’extraire définitivement de la Bible. En tout cas, il n’y a pas à tergiverser : c’est clairement un texte érotique. Je vous en donne trois extraits édifiants et assez chauds :

Chant 1

Qu’il me baise d’un baiser de sa bouche ! Tes caresses sont plus douces que le vin, quand elles se mêlent à l’odeur de tes parfums exquis ; ton nom est une huile épandue ; c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment.

Entraîne-moi après toi ; courons ensemble. Le roi m’a fait entrer dans son harem.

Nos transports et nos joies sont pour toi seul. Mieux valent tes caresses que le vin ! Qu’on a raison de t’aimer !

Chant 9
Oui, tu es belle, mon amie ! oui, tu es belle ! Tes yeux sont des yeux de colombe, sous les plis de ton voile. Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres suspendues aux flancs du Galaad. Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues qui sortent du bain ; chacune d’elles porte deux jumeaux, aucune d’elles n’est stérile. Tes lèvres sont comme un fil de pourpre, et ta bouche est charmante. Ta joue est comme une moitié de grenade, sous les plis de ton voile. Ton couest comme la tour de David, bâtie pour servir d’arsenal, où sont suspendus mille cuirasses et tous les boucliers des braves. Tes deux seins sont comme deux jumeaux de gazelle, qui paissent au milieu des lis. Quand le jour fraîchira et que les ombres s’inclineront, je m’acheminerai vers le mont de la myrrhe, vers la colline de l’encens.

Que tes caresses sont douces ! Elles valent mieux que le vin, et l’odeur de tes parfums vaut mieux que tous les baumes. Tes lèvres distillent le miel, ma fiancée ; le miel et le lait se cachent sous ta langue, et l’odeur de tes vêtements est comme l’odeur du Liban. C’est un jardin fermé que ma sœur fiancée, une source fermée, une fontaine scellée ; un bosquet où le grenadier se mêle aux plus beaux fruits, le troène au nard, le nard, le safran, la cannelle, le cinname à toutes sortes d’arbres odorants, la myrrhe et l’aloès à toutes les plantes embaumées ; une fontaine dans un jardin, une source d’eau vive, un ruisseau qui coule du Liban. Levez-vous, aquilons ; venez, autans ; soufflez sur mon jardin, pour que ses parfums se répandent.
Que mon bien-aimé entre dans son jardin, et qu’il mange de ses beaux fruits.

Chant 12

Que tes pieds sont beaux dans tes sandales, fille de prince ! La courbure de tes reins est comme celle d’un collier, œuvre d’une main habile. Ton sein est une coupe ronde, pleine d’un vin aromatisé ; ton corps est un monceau de froment entouré de lis. Tes deux seins sont comme les deux jumeaux d’une gazelle. Ton cou est comme une tour d’ivoire ; tes yeux sont les piscines d’Hésébon, situées près de la porte Fille de la foule ; ton nez est droit et fier comme la tour du Liban, qui surveille le côté de Damas. Ta tête ressemble au Carmel ; tes cheveux sont comme des fils de pourpre ; un roi est enchaîné à leurs boucles. Que tu es belle, que tu es charmante, mon amour, aux heures de la volupté ! Ta taille est semblable à un palmier, et tes seins à ses grappes. J’ai dit : Je monterai au palmier ; je cueillerai ses rameaux. Que tes seins soient pour moi les grappes de la vigne ; ton haleine, l’odeur du pommier ; ta bouche, un vin exquis, qui coule doucement et humecte les lèvres de l’amant assoupi !

Je suis à mon bien-aimé, et lui aussi, c’est vers moi qu’il soupire.

jllb