Anaïs Nin – Sur la mer
des mensonges
Roman graphique de Léonie Bischoff
Casterman
J’ai été grand fan de bandes dessinées des années 70 à la fin des années 90. J’ai même tenu une librairie à Ménilmontant, baptisée « L’œil du Futur », consacrée à la BD, à la SF et à la littérature féministe (déjà…). Et puis cet engouement est retombé avec le temps et la profusion des éditeurs, des auteurs et des titres. Il y en avait trop, je ne savais plus où donner de la tête, je reconnais avoir lâché un peu l’affaire. Voilà que ça me reprend depuis quelque temps, avec ce qu’on appelle « les romans graphiques ». Tout récemment, je vous ai parlé de la bio de Simone de Beauvoir adaptée en BD. Aujourd’hui, c’est Anaïs Nin qui est sur la sellette. Je l’avoue humblement, je n’ai rien lu d’Anaïs Nin et je ne sais de sa vie que les généralités que tout le monde connaît : sa relation avec Henry Miller, sa liberté de ton, l’écriture d’un journal qui fit scandale à son époque. J’ai bien essayé de lire Miller, il y a de cela quelques années, mais ça ne m’a pas plu, j’ai laissé tomber. J’y reviendrai peut-être.
En attendant, cette très belle bande dessinée inspirée par le journal d’Anaïs Nin, est à la fois une biographie et une œuvre d’art. Léonie Bischoff, la dessinatrice, apporte sa vision personnelle du personnage au travers de planches parfois oniriques, parfois réalistes. Le tout se combine parfaitement. On pourra lui reprocher le fait que l’ensemble reste très soft au niveau du dessin. C’est moins le cas du texte qui montre bien tous les aspects de la personnalité d’Anaïs Nin, de ses mensonges tissés comme des toiles d’araignée, mais nécessaires pour lui permettre de vivre en même temps de multiples relations sexuelles avec ses amants et ses maîtresses. Nin renverse les interdits avec une sorte de candeur déconcertante, allant jusqu’à pratiquer l’inceste consenti avec son père, pour mieux s’en détacher ensuite. Son introspection qui la mène aux confins de la sexualité et de l’amour libre est surprenante et parfaitement rendue dans cet album… Qui m’a donc donné envie de lire des livres d’Anaïs Nin. Ça tombe bien, j’ai « Vénus Erotica » dans ma bibliothèque qui ne demande qu’à se faire tourner les pages pour jouir.