« La comédie bourgeoise » est une nouvelle mineure d’Irène Némirovsky pour deux raisons. En 1932, elle s’intéresse beaucoup au cinéma. Son roman « David Golder » et sa nouvelle « Le Bal » ont été adaptés sur grand écran. La perspective de travailler pour le 7e art la séduit sans doute et elle s’investit dans l’écriture de courts scénarios. « La comédie bourgeoise », texte publié par la revue les Œuvres Libres en juin 1932 en est un. Némirovsky y déroule la vie de Madeleine, fille de bourgeois, épouse d’un mari industriel aisé qui la trompe. Avant même le mariage, elle sait qu’il entretient des maîtresses dont une avec qui il a eu un enfant. Mais Madeleine, sans trop d’état d’âme, encouragée par ses parents, cède à la facilité d’une vie confortable.
La première raison de la faiblesse de ce texte est le thème choisi. L’auteure (un peu comme dans « Le pion sur l’échiquier ») se complaît à nous décrire la vie de son héroïne comme terne, fade, sans âme. Il ne se passe rien ou presque dans la vie de Madeleine. L’intrigue est donc plus que mince. La description de ce petit milieu bourgeois confiné dans l’hypocrisie des valeurs ne suscite pas l’émoi du lecteur.
La seconde raison est le style d’écriture. C’est lui qui fait la force d’Irène Némirovsky dans ses romans à succès. Ici le style est totalement abandonné au profit d’une écriture télégraphique qu’elle pense probablement adaptée au monde du cinéma.
En bref, un texte pas totalement inintéressant (on lui concèdera la description d’un monde qu’elle connaît bien) mais qui reste très secondaire dans l’œuvre de la romancière.