Jeanne Landre

Jeanne Landre

Si je ne publie pas de comptes-rendus de livres en ce moment, c’est que j’ai commencé un travail de fond sur une autrice oubliée, Jeanne Landre (1874-1936), dont j’ai reconstitué l’ensemble de l’œuvre* publié sous forme de romans ou de recueils de nouvelles, soit 44 livres (il m’en manque un, mais c’est une question de semaines pour l’avoir). J’ai déjà quasiment tout lu et j’attaque la seconde lecture de travail.

Parallèlement je récupère les dizaines de contes et de nouvelles qu’elle a publiés dans différents journaux et qui n’ont jamais été réunis sous forme de livres (ce que j’ai bien l’intention de faire).

Enfin je reconstitue toute la chronologie de sa vie à partir de multiples sources, ce qui est un boulot de longue haleine. Il devrait aboutir en 2022/2023 à la parution d’une biographie en vue de sa réhabilitation et la réédition de certains de ses romans qui sont d’une étonnante modernité. Ils abordent principalement les thèmes de l’amour, de la sexualité et du féminisme. À ma connaissance, Jeanne Landre a été la première femme à écrire en utilisant l’argot et son écriture, très riche en images, est aussi un modèle de finesse psychologique et d’inventivité (même si elle disait s’inspirer de la vie réelle). Si l’humour est l’un des ressorts de sa création, elle ne manque pas non plus d’un réalisme brut et sans circonvolution pour aborder de façon cash les sujets qui la préoccupent.

Elle était l’amie de tous les écrivains de la butte Montmartre, en particulier Francis Carco, Jehan Rictus, Pierre Mac Orlan, Max Jacob, Guillaume Apollinaire, Curnonsky, Paul-Jean Toulet, Gabriel de Lautrec (le cousin d’Henri) et bien d’autres. Mais, parce qu’elle était une femme, on l’a négligée et traitée comme une autrice secondaire. Elle a pourtant connu en son temps de véritables succès avec certains de ses livres dont « La Gargouille », « Échalote et ses amants » qui se sont vendus à des dizaines de milliers d’exemplaires et ont été traduits en plusieurs langues.

* Bizarrerie de la langue française, « œuvre » est au féminin lorsqu’il s’agit de la création particulière d’un(e) artiste, mais au masculin lorsqu’il s’agit de l’ensemble de sa création…

jllb