De fringues, de musique et de mecs

De fringues, de musique et de mecs

De fringues, de musique et de mecs
Viv Albertine
10/18 – 574 pages

Je viens de me prendre une claque comme rarement en littérature. Je m’emballe souvent pour des livres ou des auteurs, mais ce récit-là restera pour moi l’un des plus importants de l’année. J’ai acheté ce bouquin au pif, en passant dans une librairie et en feuilletant trois ou quatre pages qui m’ont mis l’eau à la bouche.
Je ne connaissais pas Viv Albertine. Je ne savais pas qu’elle avait été guitariste dans un groupe punk composé uniquement de filles à la fin des années soixante-dix : Les Slits (littéralement « Les Fentes »). Elle a été longtemps la petite amie de Mick Jones des Clash. Elle a participé de l’intérieur à l’éclosion du mouvement punk anglais, accompagnant la montée en renommée des Sex Pistols, (avec Johnny Rotten, Sid Vicious…) mais aussi de nombreux groupes ou personnalités comme Siouxsie, Chrissie Hynde, etc.
Viv Albertine est née à Sidney en 1954 d’un père Français et d’une mère anglaise. En 1958, la famille s’installe à Londres. Ses parents sont pauvres, son père sort facilement la ceinture pour corriger ses deux filles et le divorce est un soulagement pour Viv et sa sœur. 
Sa mère lui laisse la bride sur le cou. Comme beaucoup de filles de travailleurs pauvres à cette époque le choix de vie est vite fait : serveuse de bar, travail en usine, élevage de gosse ou la musique. Viv démarre comme groupie avant de prendre conscience qu’elle peut aussi trouver sa place dans ce monde de tous les excès. Les punks détonnent, provoquent, se foutent des règles. Pas besoin de connaître le solfège pour éructer sur les planches : ça lui convient parce que ça semble accessible. Elle ne s’embarrasse pas de morale et veut vivre ses passions : les fringues, la musique et les mecs. Pour autant, c’est loin d’être une esclave de la mode sans cervelle. Elle a une conscience aiguë de sa féminité et de la place qu’elle peut et doit se faire dans ce monde de mecs. 
Sa biographie, remarquablement écrite et rythmée nous fait suivre son évolution depuis l’adolescence jusqu’à la montée sur la scène (puis la redescente jusqu’à nos jours). Elle est cash, n’évite aucun sujet, aucun tabou et nous livre un incroyable portrait de femme que je ne veux pas spoiler.
Pour moi « De fringues, de musique et de mecs » est un livre fondateur d’une génération de femmes des années 80, comme « Sur la route » de Kerouac a été le phare de la génération Beatnik. (Sauf que le bouquin de Kerouac m’a profondément ennuyé, alors que j’ai vibré à la lecture de celui de Viv Albertine).

jllb