Éloge des femmes mûres

Éloge des femmes mûres


Stephen Vizinczey

Éloge des femmes mûres nous conte la vie d’Andras Vajda, mais il s’agit purement et simplement de l’autobiographie de Stephen Vizinczey qui se cache derrière ce nom d’emprunt. Étrange destinée que celle de ce prof de philo, né en Hongrie en 1933. Son père est assassiné par les nazis. Pendant la guerre, à onze ans, il est récupéré par les GI’s américains stationnés en Hongrie. Ayant des notions d’Anglais, il sert d’intermédiaire entre les soldats et les prostituées et connaît ses premiers émois érotiques sans toutefois perdre son pucelage. Ayant retrouvé sa mère, il reprend ses études. Une voisine d’immeuble, plus âgée que lui, va lui faire découvrir l’amour. Le régime stalinien s’installe en Hongrie alors que Stephen ne pense qu’à deux choses : ses études et les femmes d’âge mûr. Il raconte en détail son parcours amoureux, ce qui nous vaut une belle galerie de portraits. Opposant au régime, il finit par s’enfuir. Réfugié en Italie, il rencontre Paola, la belle journaliste frigide qu’il n’a de cesse de vouloir faire jouir. Enfin, c’est au Canada qu’il émigre. Il y décroche un poste de professeur de philo en université et découvre l’amour avec les femmes d’Amérique du Nord, radicalement différentes des Européennes.

L’étalage de ses conquêtes féminines pourrait avoir des allures de tableau de chasse, mais ce n’est pas du tout le cas. Au contraire, Andras est plein d’humanité et c’est avec beaucoup de psychologie qu’il décrit chacune de ses relations. Et chacune est touchante, car c’est avant tout un amoureux impénitent. Il tombe sans cesse en pâmoison avec des femmes qui l’aident à s’épanouir ou qui le font marcher. On finit par penser qu’il cherche un peu sa mère dans ces relations avec des femmes d’âge mûr. (Précisons tout de même que, pour lui, l’âge mûr tourne autour de la quarantaine). En tout cas, la lecture de ce roman (qui apparemment a fait un énorme carton littéraire à sa sortie en 1965) est un moment de détente, avec des passages bien racontés et finement analysés. Un petit régal en somme…

jllb