Féminisme et philosophie
Geneviève Fraisse
Folio
Je ne vais pas me risquer à définir la philosophie en trois phrases, mais je dirai tout de même que c’est une discipline qui utilise des concepts pour analyser la vie. Le concept étant, à mon sens, une boîte à outils contenant une ou plusieurs idées.
Avec cette boîte à outils en bandoulière le ou la philosophe s’en va analyser l’Histoire, l’Actualité, la Société ou tout autre sujet qualifié de « champ » (« champ d’exploration », « champ des possibles »…) Un vocabulaire vernaculaire, spécifique à la philosophie, est largement utilisé par nos grands penseurs et penseuses, ce qui rend parfois difficile la lecture de leurs textes.
Geneviève Fraisse, philosophe, directrice de recherche émérite au CNRS s’est penchée sur les concepts de l’émancipation citoyenne, de la démocratie et, dans ce livre sur celui du féminisme.
J’ai vaguement étudié la philo en classe prépa mais, à dix-sept ans, je n’étais carrément pas mûr intellectuellement pour aborder la chose (et pas sûr de l’être tellement plus aujourd’hui). La philo est comme la musique : si on n’apprend pas les gammes, on a du mal à la pratiquer. Cela veut-il dire que les livres de philosophie ne s’adressent qu’aux philosophes ou aux étudiants ? Je ne suis pas loin de le penser, car un esprit non rodé à la manipulation des concepts va vite se décourager en plongeant son nez dans un ouvrage de cette catégorie. Et le fait que je sois tombé, à l’époque, éperdument amoureux de ma prof de philo, la regrettée Béatrice Josipowicz, paix à son âme, n’a pas franchement contribué à me faire bûcher le sujet : je la regardais parler bien plus que je ne l’écoutais et j’étais fasciné par ce petit pli dans le cou que certaines femmes arborent en lieu et place de la glotte masculine. Ce petit trait de peau en tirant un bien plus grand sur Kant, Nietschze, Descartes ou Kierkegaard…
Geneviève Fraisse, donc, nous parle « féminisme et philosophie ». J’en lis quarante pages et je mesure l’immensité de ma nullité en la matière : je n’y comprends rien ou presque. Des phrases comme « faut-il vraiment débattre de la différence des sexes comme fondement politique ou, au contraire comme inhérente à l’universel ? » me laissent un peu sur le bord du terrain, simple spectateur qui ne comprend rien au match. Dépité, je referme l’ouvrage et je le laisse ruminer sur la pile de livres qui jouxte ma part de lit.
Puis, le lendemain, je me dis c’est tout de même idiot. L’histoire et l’analyse du féminisme sont deux sujets qui m’intéressent, je passe peut-être à côté de quelque chose. Je reprends l’unique objet momentané de mon ressentiment avec une idée (pas un concept, ne confondons pas) derrière la tête. J’ai repéré un avertissement au début du livre : « Ce recueil se compose de textes divers publiés pour la plupart, depuis le début des années 2010, dans des journaux, ouvrages, blogs… ». Mon idée est donc de prendre le problème à l’envers. Puisque je n’ai rien compris à l’intro, allons voir la table des matières. Et là, Ô joie, je réalise qu’au-delà de la longue introduction philosophique, pour moi indigeste, l’ouvrage est constitué de beaucoup de textes courts et clairs abordant un sujet ou une thématique particulière. Il n’y a donc qu’à piocher au gré de ses intérêts.
J’ai commencé par deux articles passionnants (et cette fois parfaitement lisibles) : « l’affaire Weinstein est une révolte historique et politique » et « Le consentement est un mot archaïque ». Enfin rassuré, je vais pouvoir continuer ma lecture. Je vous livre directement la table des matières, car si l’envie vous prend de lire ce recueil, vous pourrez aller rapidement là où ça vous intéresse… Ne me remerciez pas, tout le plaisir est pour vous.