Femmes puissantes
Léa Salamé
Co-edition Les Arènes-France-Inter
Je n’aime pas beaucoup Léa Salamé pour diverses raisons. Lors de ses interviews, elle coupe très souvent la parole aux personnes qu’elle questionne. Sans doute pour conforter son image « d’interviouveuse-choc-qui-ne-s’en-laisse-pas-compter-ah-mais-non ! ». Personnellement, ça me donne l’impression qu’elle n’écoute pas les réponses. Boum, elle suit son idée sans dévier, alors qu’un entretien, à mon goût, doit reposer sur un échange subtil, une joute qui n’exclut en rien la contradiction et les idées musclées. Ensuite je ne suis pas trop fan de sa très grande ambition médiatique assumée. J’ai tout de même acheté son livre, car elle a rencontré un beau panel de femmes passionnantes.
En introduction, Léa Salamé présente son parcours personnel, son enfance au Liban sous les bombardements, la vie avec la peur au ventre qui rend plus forte. Son père est professeur, diplomate puis ministre de la Culture au Liban. Elle n’est donc pas née dans le neuf trois et, quelque part, ça aide. (Ce n’est pas un reproche). Pendant quelques années sa famille se partage entre Beyrouth et Paris, avant d’opter définitivement pour la France. Léa fréquente les meilleures écoles dans l’hexagone et aux États-Unis. Plutôt ronde et avec un visage typé, on la classe comme « orientale » et elle n’aura de cesse de vouloir prouver qu’elle est « occidentale », voire « la meilleure » des occidentales. Sa personnalité se construit autour de cette envie de réussite et une très forte appétance de pouvoir. Elle choisit le journalisme, bien décidée à s’y faire une place qui lui convienne : la plus importante. Elle assume ce parcours dans son préambule et on comprend mieux qu’il conditionne la série de questions qu’elle bombarde à toutes ses interlocutrices et dont voici les principales :
- Êtes-vous une femme puissante ?
- Pourquoi les femmes ont-elles du mal à accepter ce qualificatif ?
- Avez-vous été influencée par votre père ?
- Êtes-vous féministe et que pensez-vous du mouvement #MeToo ?
- Etc.
A cela, bien évidemment, et heureusement, s’ajoutent des questions plus personnalisées
Une douzaine d’entretiens, pas si longs finalement (j’ai lu le livre en deux heures) et plus ou moins intéressants selon les personnalités. Voici mes préférées dans le désordre.
- Chloé Bertolus (cheffe de service en chirurgie de reconstruction du visage : intelligente, déterminée, humaine)
- Christiane Taubira (femme de conviction qui n’a peur de rien)
- Élisabeth Badinter ( les idées, la classe, l’engagement)
- Nathalie Kosciusko-Morizet (la sincérité, la capacité à rebondir en dehors de la politique)
Celles qui m’ont le moins plu :
- Béatrice Dalle (écorchée, agressive, provoc…)
- Anne Méaux (intello d’extrême-droite revendiquée)
- Delphine Horvilleur (femme sympa, mais qui prêche la religion, donc je fuis…)
Au final un livre pas désagréable, une jolie galerie de personnalités qui, toutes sauf une*, réfutent l’idée d’être une « femme puissante » et préfèrent être qualifiées de « femmes d’influence et de conviction ». Ce qui est une belle réponse, convenons-en.
*Anne Meaux : « J’accepte le terme, j’aime sa force inhérente. »