Dans la série femmes extraordinaires, aujourd’hui : Germaine Krull, photographe. (J’ai fait un condensé de sa fiche Wikipédia pour présenter sa vie passionnante).
L’Allemande Germaine Krull est née le 20 novembre 1897 à Wilda, dans l’actuelle Pologne. Elle étudie la photographie à la Lehr-und Versuchsanstalt für Photographie, Chemiegraphie, Lichtdruck und Gravüre (« Centre d’enseignement et d’expérimentation en photographie, chimigraphie, phototypie et gravure » fondée en 1900, la section sera ouverte aux filles en 1905) à Munich. Elle fréquente la bohème munichoise et rencontre un anarchiste russe, Tobias Axelrod (1887-1938) qu’elle épouse en 1919. Elle s’implique dans les luttes révolutionnaires de cette époque. Arrêtée et condamnée à mort, Germaine Krull échappe in extremis à son exécution. Elle s’enfuit à Berlin et ouvre un atelier de portrait près du Kurfürstendamm. Elle poursuit ses activités politiques, vend sous le manteau des portraits de Lénine et fréquente les dadaïstes berlinois et les expressionnistes. Elle rencontre le cinéaste Joris Ivens avec qui elle s’installe aux Pays-Bas. Elle expérimente la photographie d’architecture et collabore aux revues i-10 et De Filmliga (nl) (créée en 1927).
En 1925 ou 1926, Germaine Krull s’installe à Paris. Son approche « objective » de la photographie, sa fascination pour la machine et son « détournement poétique et graphique », l’architecture métallique et le monde industriel, et la modernité de ses sujets lui valent le surnom de « Walkyrie de fer » ou « Walkyrie de la pellicule ». La Nouvelle Revue française publie alors une petite monographie dans une collection intitulée Photographes nouveaux. Influencée par le photographe László Moholy-Nagy, elle fréquente les surréalistes et rencontre Éli Lotar et Florence Henri. Elle collabore ensuite au nouveau magazine français VU.
Elle collabore par des photographies, tandis que les textes en sont rédigés par Georges Simenon, aux deux premiers ouvrages de la collection à fort tirage « Phototexte », éditée par Jacques Haumont, des livres policiers populaires dont le concept novateur, qui peut être considéré comme précurseur du roman-photo, consiste en la combinaison de textes et d’images. Mais seul le titre La Folle d’Itteville est édité en août 1931. L’ouvrage suivant, L’Affaire des 7 également cosigné par Georges Simenon et Germaine Krull, dont la publication prochaine est annoncée sur le dernier plat de la couverture de La Folle d’Itteville, ne paraît pas comme prévu, faute de succès commercial du premier ouvrage de la collection.
Elle s’installe en 1935 à Monaco, où elle travaille jusqu’en 1940 pour le casino, photographiant les célébrités.
En 1940, Germaine Krull quitte la France pour les États-Unis.
Elle est à Rio de Janeiro en 1941, puis elle rejoint Brazzaville, le chef-lieu de l’Afrique-Équatoriale française ralliée dès août 1940 à la France libre, où elle dirige le service de propagande local de celle-ci.
Après un passage à Alger, elle accompagne le 6e Groupe d’armées des États-Unis lors du débarquement des Alliés en Provence en août 1944, puis la 1re armée française jusqu’à la fin de la guerre. Lors de la campagne d’Alsace, elle participe à la libération du camp de concentration du Struthof, puis de Vaihingen (une annexe du Struthof située près de Stuttgart). Ses photographies paraissent dans l’ouvrage La Bataille d’Alsace, accompagnées d’un texte de Roger Vailland.
En 1946, elle part en Indochine comme correspondante de guerre. Parcourant l’Asie du Sud-Est, elle en rapporte plus de deux mille photographies sur l’art bouddhique. Germaine Krull entreprend également des recherches sur la photographie en couleurs. Elle appelle ses réalisations des « silpa-grammes».
En 1947, elle s’associe avec cinq autres personnes (dont Pote Sarasin et Jim Thompson) pour reprendre l’hôtel Oriental de Bangkok (aujourd’hui Mandarin Oriental, Bangkok), dont elle devient la première directrice, malgré son absence d’expérience dans l’hôtellerie (elle en a revendu sa part de l’établissement en 1967).
Après avoir vécu en Inde dans un âshram, elle rentre en Allemagne en 1955.
En 1967, André Malraux, alors ministre de la Culture et son ami de longue date, lui consacre une exposition au Palais de Chaillot, à Paris.
Se confiant rarement, Germaine Krull a tout de même accordé des entretiens à l’historienne Françoise Denoyelle au tout début des années 1980.
Quand on lui a demandé pourquoi elle faisait des nus : « parce que c’est beau depuis toujours et qu’un matin d’été ça m’a plu. »
Durant son existence, ses engagements sont aussi anti-colonialistes et féministes.
Elle meurt le 31 juillet 1985 à Wetzlar (Hesse).