Jeunes filles

Jeunes filles

Jeunes filles
Victor Margueritte

Publié en 1908, « Jeunes filles » de Victor Margueritte est un roman sur le mariage dans le monde bourgeois. Madame Dorly est la veuve d’un industriel qui a mené la famille au bord de la faillite. Elle n’est pas sur la paille, mais a dû réduire son train de vie. Il lui reste juste de quoi faire illusion auprès de ses amis qui ne connaissent pas sa situation financière. Pour se refaire, elle mise tout sur son fils Jacques, jeune avocat, très beau garçon, mais faible de caractère. La profession d’avocat s’avère rentable pour quelques ténors du barreau, mais, pour les autres, comme Jacques, elle rapporte peu. Madame Dorly compte donc principalement sur son mariage pour s’offrir un retour de bonne fortune.

Elle lui présente plusieurs jeunes femmes. Geneviève Savenay, fille d’un homme d’affaires conviendrait à Madame Dorly, mais Jacques la trouve laide et sans intérêt. En revanche, il est fort attiré par Hélène, la très belle amie d’enfance de Geneviève, une jeune institutrice… sans le sou. Jacques a pour maîtresse Jacqueline, une jolie veuve d’une trentaine d’années qu’il fréquente essentiellement pour le sexe, mais dont il n’est pas amoureux. Deux autres prétendantes feraient l’affaire : Marthe Daugé, héritière de la banque Daugé-Meyerlein et Annie Ferrus une riche Américaine venue chercher un mari en Europe. Mais cette dernière veut accoler son nom à un titre nobiliaire… Elle est éliminée.

Bien qu’amoureux d’Hélène, Jacques, poussé par sa mère, jette son dévolu sur Marthe, plutôt jolie et supposément riche. Mais en réalité la famille Daugé est pauvre, le père ayant fait de funestes placements avant de mourir. Ses parts de la banque ont été reprises par le baron Meyerlein qui accorde une petite pension à la mère de Marthe et à sa fille. Lorsque madame Dorly, venant demander à madame Daugé la main de Marthe pour Jacques, apprend que la fille n’amène aucune dot, elle annule le projet de mariage. Elle repart furieuse après avoir copieusement insulté madame Daugé.

Entre temps, Jacques a proposé à Hélène, qu’il aime, mais qu’il ne peut épouser parce qu’elle n’est pas assez riche, de devenir sa maîtresse et de vivre en union libre avec elle. Ce qu’elle a refusé. Va-t-il se résoudre à se marier avec Geneviève, la seule jeune fille nantie – mais laide – qui soit à sa portée ?

Victor Margueritte dénonce ici le mariage tel que le pratiquaient les nobles dans le temps, puis les bourgeois. Il dépeint la vraie nature de madame Dorly, personnage pivot du roman, qui sait se faire obséquieuse auprès des riches et poissonnière envers les « sans argent ». Son attitude face à madame Daugé lorsqu’elle apprend que cette famille apparemment fortunée est en fait démunie, révèle le fond de son caractère : une femme cupide et dénuée de tout scrupule. Son fils est un personnage fade qui se laisse mener par sa mère tout en se persuadant être libre.

Seule Hélène, l’institutrice, trouve grâce aux yeux de l’auteur qui la décrit comme une féministe désireuse de gagner sa vie par elle-même et de n’épouser que par amour et non pas par intérêt.

Certes, ce roman ne restera pas dans les annales de la littérature, mais il se lit facilement et l’attention du lecteur est maintenue par la simple question : « laquelle va-t-il choisir » ? Au final, ce ne sera pas lui qui choisira…

jllb

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