La petite couturière du Titanic

La petite couturière du Titanic

La petite couturière du Titanic
Kate Alcott
Editions ArchiPoche

Les éditions Archipoche publient en format poche des romans, de grandes sagas, des titres anglais du XIXe siècle, etc. Dans cette collection, j’ai récemment lu et chroniqué « La foire aux vanités » (de William Thackeray) et « Le bon soldat » (de Ford Madox Ford). Et pour l’achat de deux volumes de cette même collection un troisième m’a été offert : « La petite couturière du Titanic » de Kate Alcott. Je viens d’en tourner la dernière page et c’est, de loin, le meilleur roman des trois.
Je ne veux pas spoiler, mais vous mettre tout de même l’eau à la bouche. Avez-vous aimé « Titanic » de James Cameron ? Avez-vous aimé « Le diable s’habille en Prada » de David Frankel avec Meryl Streep et Anne Hataway ? Prenez les deux, jetez-les dans un shaker, agitez bien et vous en sortez « La petite couturière du Titanic ». Un roman si bien ficelé que vous-même êtes enchaîné à sa lecture jusqu’à son dénouement ultime.
Le pitch en deux mots. Avril 1912 : Tess Collins, jeune couturière anglaise de talent n’a pas trouvé d’autre emploi que femme de ménage dans une famille de Cherbourg. Elle décide un jour de prendre en main son destin et de partir en Amérique. Pour cela elle doit réussir à embarquer sur le Titanic. Coup de chance, elle fait la connaissance de Lucile Duff Gordon, grande prêtresse de la mode qui va présenter sa nouvelle collection de printemps à New York et dont la femme de chambre vient de lui faire faux bond. Elle est engagée. Pendant les quelques jours de croisière, Tess découvrira le caractère de Lucille, oscillant entre autoritarisme, prétention britannique et fragilité. Elle fera aussi la connaissance de deux hommes à bord : un marin et un homme d’affaires. Et puis survient le naufrage… Tous ces personnages s’en sortent avec plus ou moins de gloire. Et à New York, une commission d’enquête menée par le sénateur Smith doit déterminer les conditions de la catastrophe et pourquoi certains canots, dont celui de Lady Lucile, étaient quasiment vides alors que des centaines de personnes se noyaient.
Dans le même temps, Tess prend de plus en plus d’importance auprès de Lucile qui a détecté son talent et le défilé de la nouvelle collection se prépare. Mais en découvrant le comportement de la femme qui lui sert de Pygmalion et qui l’éblouit, Tess va-t-elle ouvrir les yeux ? Une bataille juridique s’engage, certains accusant des rescapés de ne pas avoir cherché à sauver d’autres vies. Parallèlement, le travail de Lucile commence à dater et la jeune Tess qui pourrait être sa fille ou sa concurrente représente l’avenir de la mode et ne manque pas d’ambition.
En mêlant très astucieusement vérité historique et fiction, Kate Alcott nous tient en haleine. Les personnages de Lucile Duff Gordon, de son mari Cosmo et de sa sœur Elinor Glyn ont réellement existé. Et les conditions dans lesquelles les deux premiers ont survécu au naufrage ont vraiment créé une terrible polémique aux États-Unis et en Grande-Bretagne.
Les femmes sont les vraies héroïnes de ce roman : Tess Collins la couturière, Lucile Duff Gordon égérie de la mode, sa sœur Elinor Glyn autrice de romans provocateurs, mais aussi la très attachante Pinky Wade, reporter au Times. On voit bien que Kate Alcott avait des visées féministes lorsqu’elle a écrit ce texte qui se termine d’ailleurs dans le monde des suffragettes.
Bref, un excellent moment de lecture que je recommande à tous. Kate Alcott, née en 1945, est journaliste et romancière. Le titre original du livre est « The dressmaker ». La traduction de Sébastien Danchin est parfaite.

jllb

Les commentaires sont fermés.