L’amour est menteur

L’amour est menteur

L’amour est menteur
Jeanne Landre
1927

Stanislas Vasquas, dit « Stani » est un journaliste qui fréquente les salons littéraires où des bourgeoises comme madame Voll-Walbrug se targuent d’entretenir des amitiés avec des écrivains célèbres. Parmi ses relations, Stani compte Émile Froguain, dit « Frog » qui travaille comme nègre depuis des années pour de nombreux auteurs et qu’il considère comme un raté.

Brigitte Saint-Florent, amie de madame Voll-Wallbrug, jeune et jolie femme, cherche à briller aux côtés d’un intellectuel. Stani lui présente Frog au moment où celui-ci sort de l’ombre et connaît à cinquante ans un succès tardif grâce à un roman publié sous son nom.

Frog ne plaît pas à Brigitte, mais sa notoriété grandissant, elle décide d’en faire son amant et de se montrer à son bras en toute circonstance. Annie, la compagne légitime de Frog qui l’a soutenu durant ses années de galère et qui l’aime se trouve dépossédée de l’homme de sa vie. Vieille et usée, elle ne peut rivaliser avec Brigitte. Elle va alors trouver celle-ci, lui dit qu’elle saura s’effacer si Brigitte veut vraiment faire le bonheur de Frog et si, comme la rumeur le prétend, elle est prête à l’épouser. Or l’amour de Brigitte est menteur : ce n’est pas l’homme qu’elle aime, mais l’écrivain… Comment va-t-elle réagir ?

Une fois de plus, Jeanne Landre analyse les sentiments de ses personnages avec une fine psychologie : l’homme effacé et laid qu’est Frog se transforme en prince charmant avec le succès (d’où, sans doute, le choix de son patronyme). Pourtant les femmes ne l’aiment pas pour ce qu’il est réellement, mais pour ce qu’il représente. L’imaginaire étant loin de la réalité, leur rêve n’est qu’un fantasme. Mais comme ce « fantasme » plaît et qu’il est la coqueluche du jour, toutes voudraient le posséder.

Ce thème de l’amour menteur est récurrent chez Jeanne Landre qui dans « Le débardeur lettré » oppose l’amour physique à la passion sentimentale. Il est d’ailleurs amusant de constater que deux des personnages secondaires de ce roman apparaissent également dans « le débardeur lettré » (Fanfan-Tontaine et Ludovic).

jllb