Le chemin des femmes

Le chemin des femmes

Le chemin des femmes
Michelle Perrot

Connaissez-vous ce que j’appelle « le blocage de lecture » ? On commence à lire un livre et, au bout d’un certain nombre de pages qui peut varier, on se rend compte que l’on n’arrive pas à entrer dans le sujet, qu’on reste extérieur, indifférent, froid. Pire on a la sensation de s’engluer dans une pâte qui vous sèche l’enthousiasme. Et l’on en vient à se dire qu’il y a, ailleurs, tellement de livres passionnants qui vous réclament à corps et à cris que ce que vous lisez vous tombe des mains.

C’est exactement ce que j’ai ressenti à la lecture de « Le chemin des femmes » de Michelle Perrot. Et ma déception est à la hauteur de mes attentes.

Je me passionne pour l’histoire des mouvements féministes depuis que j’ai appris que mon arrière-grand-mère, Maria Vérone, y a participé de façon très active. Et l’on m’avait cent fois dit que Michelle Perrot est la grande historienne, spécialiste de ces mouvements. Je n’avais jamais rien lu d’elle et la sortie ce mois-ci dans la collection « Bouquins » de Robert Laffont de ce pavé (plus de 1000 pages) qui concentre ses travaux me paraissait l’occasion idéale de découvrir son œuvre.

Las, j’ai déchanté. Et je vous remercie de noter que les critiques qui suivent sont de mon seul ressenti. J’imagine que d’autres vont porter aux nues ce pensum.

Il y a plusieurs façons d’aborder l’Histoire les deux principales, me semble-t-il, sont : par le récit ou par l’analyse. On peut évidemment mélanger les genres.

Des auteurs comme Stefan Zweig ou Jean-Christian Petitfils ont un vrai talent pour nous plonger dans des biographies haletantes. À l’opposé, des universitaires comme Georges Duby privilégient l’analyse critique et cherchent à se détacher de toute expression émotionnelle susceptible, à leurs yeux, de dévaloriser leur propos ou de lui faire perdre de son vernis intellectuel.

C’est ce que j’ai ressenti en lisant soixante pages (seulement) du livre de Michelle Perrot : je me suis ennuyé à mourir. De longues plages de texte sans respiration, un verbiage universitaire autocentré, bref la sensation que l’ouvrage pesait plus d’une tonne. Les emballements de l’autrice ne sont pas les miens. Un extrait ? « Foucault était notre maître à penser. Avec lui on interrogeait le fonctionnement du pouvoir, les rapports entre centre et périphérie, les formes de la discipline, les ruses de la surveillance généralisée. » Ou encore : « Les années 1970-1985 [] furent vibrantes. [] On accordait beaucoup d’importance à la réflexion épistémologique ». Barbant, je vous dis. J’aurais aimé qu’on me raconte l’histoire des luttes de femmes avec des mots simples, des exemples enthousiasmants. Sans doute son livre est-il truffé d’informations et de références. Mais je ressens le monde universitaire qu’elle représente comme une coterie, un univers assez fermé et, pour tout dire, qui m’est étranger.

Je vais laisser reposer l’objet quelque temps et j’y reviendrai sans doute. Parce que d’aucuns me rétorqueront que soixante pages sur mille ne suffisent pas pour se faire une bonne opinion et ils auront raison. Mais cette première approche m’a bien refroidi.

jllb

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