Icariens, les communistes chrétiens utopistes
En 1842, Étienne Cabet, avocat, publie « Le voyage en Icarie », un essai utopiste qui décrit une société idéale, inspirée des idées de Thomas More et de Jean-Jacques Rousseau. Il y présente la république d’Icaria qui a banni la propriété et l’argent. La nourriture, les vêtements et l’éducation sont gratuits. Le tout est basé sur les principes de la chrétienté. Cabet se dit « communiste et chrétien ».
Ne pouvant développer ses idées en France, il décide de fonder des communautés aux États-Unis.
Le 3 février 1848, 69 hommes partent du Havre et vont s’installer au Texas. Le climat, la nature sauvage, les Indiens hostiles et le choléra auront bientôt raison de ces premiers colons dont une vingtaine seulement survécut et se replia à La Nouvelle-Orléans.
Avec le renversement de Louis-Philippe et l’instauration de la République, Cabet (qui n’était pas encore parti) pensa que ses idées pourraient se développer en France. Mais l’opinion publique s’en prit aux Icariens et, dans une manifestation du 16 mars à Paris des milliers de personnes scandèrent « À mort les communistes ».
Dès lors, les départs se succédèrent vers l’Amérique. Cabet lui-même partit le 13 décembre 1848. Sur place, à La Nouvelle-Orléans, des dissensions apparurent entre les icariens. Au final, seule une moitié d’entre eux décida de continuer l’aventure. Ils fondèrent plusieurs communautés dans le Texas, dans l’Illinois, dans l’Iowa et en Californie.
Sur place, Cabet doit faire face à plusieurs crises internes. On lui reproche son autoritarisme. Il quitte l’Illinois en octobre 1856 pour s’installer à Saint-Louis avec quelques fidèles. Mais il y meurt le 9 novembre d’une attaque cérébrale. La communauté déménage à nouveau pour Chettenham où elle est dissoute en 1863. La dernière communauté californienne, Icaria-Speranza à San Francisco, est dissoute le 3 août 1886.
Marx et Engels prônant le socialisme scientifique s’opposèrent aux idées de Cabet et des icariens qualifiés de « communistes utopistes ».