On peut voir en ce moment sur Arte (en replay jusqu’à la fin de l’année 2021) un formidable documentaire en deux parties de 52 minutes chacune intitulé « Aux arts citoyennes ! ». Il réhabilite les grandes femmes peintres ou sculptrices que l’Histoire a presque systématiquement occultées au profit des hommes. Sur l’ensemble de ces artistes ici présentées, je ne connaissais que Berthe Morisot et Suzanne Valadon. Les autres ont été, pour moi, une découverte. J’en cite ici quelques-unes et je vous invite à regarder ces deux films.
Berthe Morisot (1841-1895)
D’avant-garde pour son époque, elle fait partie des impressionnistes dont elle aurait pu être la cheffe de file, mais Manet (son beau-frère), Renoir ou Monet, attirèrent toute la lumière sur eux.
Suzanne Valadon (1865-1938)
D’origine très modeste, Suzanne Valadon (de son vrai prénom « Marie-Clémentine ») vit dans le quartier populaire de Montmartre. Elle se fait remarquer par sa beauté et devient rapidement modèle pour les peintres de l’époque dont certains sont ses amants : Renoir, Toulouse-Lautrec, Puvis de Chavannes. Durant cette période elle s’initie au dessin puis à la peinture, de façon didactique et développe un style qui lui est propre. Elle est la mère du peintre Maurice Utrillo.
Suzanne Valadon
Julie Wolfthorn (1864-1944)
Cette peintre née en Prusse fut obligée de venir étudier les arts à Paris, car les académies allemandes n’acceptaient pas les femmes à l’époque. De retour dans son pays, elle se bat pour que les femmes artistes puissent enfin accéder aux académies. Elle est arrêtée en 1941 par les nazis, déportée dans un camp de concentration tchèque où elle meurt le 26 décembre 1944.
Julie Wolfthorn
Helene Funke (1869-1957)
Née en Allemagne, issue d’une famille de riches industriels, Helene Funk a exposé dès 1904 à Munich, Berlin, Dresde. De 1905 à 1913, elle a séjourné en France avant de partir pour l’Autriche où elle vécut jusqu’à la fin de sa vie.
Helene Funke
Hilma af Klint (1862-1944)
Cette artiste suédoise à la forte personnalité étudie la peinture à l’école technique et artistique de Stocklholm. Très tôt, elle se détache de toute influence et invente l’art abstrait, cinq ans avant Kandinsky (dont on continue souvent à dire qu’il est le créateur de ce mouvement). Sa peinture ayant relativement peu de succès de son vivant, elle demande à ses descendants de ne pas exposer ses œuvres au moins vingt ans après sa mort. Ce n’est donc qu’en 1964, qu’on redécouvre le génie créateur et le talent d’innovatrice d’Hilma Klint (qui a beaucoup versé dans le mysticisme…)
Hilma af Klint
Elisabeth Chaplin (1890-1982)
Née en France dans un milieu d’artistes, Elisabeth s’initie à la peinture dès 1900 alors que sa famille s’est installée en Italie. En 1910 elle décroche la médaille d’or à la société des Beaux-Arts de Florence. Toute sa vie, elle réalise de nombreux portraits et de grandes fresques. Elle vit à Paris de 1930 à 1950 avec sa compagne Ida Capecchi, avant de retourner en Italie jusqu’à sa mort.
Elisabeth Chaplin
Natalia Gontcharova (1881-1932)
Cette artiste russe (naturalisée française en 1939) a révolutionné la peinture en testant des formes d’expression jamais utilisées auparavant : le futurisme, le néo-primitivisme, le cubisme. Ayant quitté la Russie où elle estimait que son travail ne pouvait pas s’épanouir, elle s’installe en France et connaît un succès considérable comme peintre et décoratrice de théâtre jusqu’en 1940. Après la guerre, elle tombe dans l’oubli et termine sa vie pauvre…
Natalia Gontcharova
Elfriede Lohse-Wächtler (1899-1940)
Cette peintre d’avant-garde allemande a connu un destin tragique. Issue d’une famille bourgeoise, elle étudie la peinture à l’école royale d’arts appliqués de Dresde. Elle se marie à 22 ans avec le chanteur d’opéra Kurthe Lohse. Le couple n’est pas heureux. Elle fait plusieurs dépressions nerveuses et est internée deux mois en hôpital psychiatrique où elle peint de nombreux portraits de patients. Dans les années trente, elle sombre à nouveau dans la dépression en raison de soucis affectifs et financiers à la suite de son divorce. Elle est à nouveau internée et refuse d’être stérilisée dans le cadre du programme eugéniste des nazis. Elle sera finalement euthanasiée par ceux-ci…
Elfriede Lohse-Wächtler SONY DSC 2-M170-L1-1930-9 E.Lohse-Waechtler, Liebespaar Lohse-Waechtler, Elfriede, 1899-1940. ‘Liebespaar’, 1930. Aquarell, 64,2 x 47,5 cm. Hamburg, Foerderkreis Elfriede Lohse- Waechtler. F: Lohse-Waechtler, Elfriede / Couple d’amou Lohse-Waechtler, Elfriede , 1899-1940. – ‘Couple d’amoureux’, 1930. Aquarelle, H. 0,642 , L. 0,475. Hambourg, cercle d’Elfriede Lohse- Waechtler. 2-M145-A2-1931-16-B E.Lohse-Waechtler, Lissy Lohse-Waechtler, Elfriede, 1899-1940. ‘Lissy’, 1931. Aquarell, 68 x 49 cm. Privatbesitz. F: Lohse-Waechtler / Lissy. Lohse-Waechtler, Elfriede , 1899-1940. – ‘Lissy’, 1931. Aquarelle, H. 0,68 , L. 0,49. Coll. privee.