Les filles
du docteur March
Film de Greta Gerwig d’après le roman de Louisa May Alcott
2019
Je ne voulais pas rater l’adaptation au cinéma d’un roman classique du 19e
siècle, qui plus est écrit par une femme.
Je n’ai pas lu le livre, mais j’ai appris que la traduction française de l’œuvre originale a commencé par trahir le texte en trahissant son titre, « Little Women », qui est devenu « Les quatre filles du Docteur March ». En réalité, Robert March n’est pas docteur, mais pasteur. Mais « docteur » faisait moins « religieux » pour ces mécréants de froggies et de toute façon on s’en fiche, car on ne le voit quasiment jamais. Il s’engage comme aumônier pendant la Guerre de Sécession, du côté nordiste. Ce faisant, il délaisse sa femme Mary et ses quatre filles : Meg, Jo, Beth et Amy. Livrées à elles-mêmes et soudées entre elles, elles forgent leurs destins en fonction de leurs caractères. Meg, l’aînée est belle et raisonnable. Elle va chercher le mariage, mais pas l’argent. Jo est passionnée par l’écriture et veut s’accomplir dans le métier d’écrivain qui lui fera gagner son autonomie financière et donc de femme. Beth est douce et férue de musique. Amy est colérique et ambitieuse. Leur milieu est celui de la petite bourgeoisie américaine. Elles ne sont ni riches ni pauvres. N’ayant pas trop à se soucier de leur subsistance, elles vivent une enfance heureuse et cherchent à s’épanouir, ce qui n’est pas toujours évident dans l’Amérique de cette époque.
Le film de Greta Gerwig ne lésine pas sur les décors, les costumes et bénéficie d’une distribution de premier ordre : Saoirse Ronan (sorte de « Sylvie Testud » américaine) excellente dans le rôle de Jo, Emma Watson (enfin sortie de la série Harry Potter) très bonne dans celui de Meg, Florence Pugh parfaite dans le rôle d’Amy et Eliza Scanlen, plus pâle dans le rôle de Beth. Ajoutez à ce quatuor de charme Meryl Streep (Tante March), Laura Dern (la mère), Louis Garrel (l’amoureux de Jo) et Timothée Chalamet (autre amoureux de Jo) : franchement, l’affiche est belle.
Tous les ingrédients étaient réunis pour un film parfait. Et plof : la sauce ne monte pas (tout comme les chantilly que je m’obstine à vouloir émulsionner depuis deux jours, sans succès). Et il y a une raison simple à cela : le film est un puzzle dont il faut sans cesse recoller les morceaux. Car la réalisatrice use et abuse du procédé des flash-backs sans avertissement. Hop, un coup en avant, un coup en arrière, on reprend, on recommence, on repart, on revient. Tant et si bien qu’au bout d’un moment, on ne sait plus du tout où l’on en est. Et c’est franchement dommage, car si tout avait glissé dans l’ordre chronologique, la réussite était assurée à l’arrivée. J’ajoute que si le jeu des actrices est très bon, l’intrigue peine à démarrer et le film dure deux heures et quart. Je suis sûr que beaucoup de spectateurs auront lâché en cours de route. J’ai été patient (l’expérience du confinement) et finalement j’ai tout de même bien aimé. Je vais juste passer un peu de temps à tout remettre dans l’ordre dans ma tête.