Les vrilles de la vigne

Les vrilles de la vigne

Les vrilles de la vigne
Colette
1908

Même si j’ai lu beaucoup de ses œuvres, je suis loin d’avoir épuisé la collection complète des écrits de Colette. Il manque à ma culture un certain nombre de perles que j’enfile sur le collier de mes lectures au fil du temps, prenant soin d’en garder quelques-unes en réserve pour faire durer le plaisir et pour les jours de confinement à venir.

J’ai lu hier « Les vrilles de la vigne », recueil de petits textes dont on m’avait dit le plus grand bien et qui doit être un des classiques de l’enseignement de la langue française. Elle y parle principalement de la nature et des animaux. Le genre humain y est plutôt exclu à l’exception de deux textes courts, « Belles de jour » et « De quoi est-ce qu’on a l’air ? » où elle conte les déboires amoureux d’une de ses voisines. Sans grand intérêt.

Pour le reste, entre les plantes, les arbres, les fleurs, les oiseaux, les chat (te) s et les chien (ne) s et les souvenirs d’enfance, le lecteur est copieusement nourri. L’écriture de Colette est magnifique et servie par un vocabulaire d’une rare richesse. Oui, mais voilà, l’ensemble m’a laissé plutôt froid. Ce sont des « rédactions ». Comme on faisait à l’école lorsque le maître ou la maîtresse nous disait : « racontez une visite chez le médecin » ou « décrivez votre jardin au printemps ». Alors, certes, ce sont des rédactions de première de la classe et je ne m’étonne donc pas qu’on les cite en exemple et qu’elles forment la matière d’un beau gâteau pédagogique.

Je l’avoue : j’aime bien la nature, mais à petite dose. Point trop ne m’en faut. Je suis un homme de la ville, né sous le parfum des pots d’échappement, élevé au bruit des embouteillages, lâché dans la vie comme dans des rues sans horizon. Pourtant, depuis plus de vingt ans, j’ai quitté la ville pour la campagne. Mon champ de vision s’est élargi, je respire mieux et mon jardin m’enchante. Je le visite tous les jours… sans jamais y passer plus d’une heure, atavisme oblige. Car je n’aime rien tant que l’espace confiné de mon bureau, gorgé de livres, encombré d’ordinateurs qui ronronnent, d’écrans qui brillent, d’imprimantes qui cliquettent, bardé de petits objets amoncelés sur des étagères, cadres de photos, souvenirs de famille ou de voyage. Les Pyrénées sont belles… vues de ma fenêtre. C’est ici, dans ces seize mètres carrés que coulent de mes doigts sur un clavier de plastique noir, romans et pièces de théâtre, articles et courriels qui sont ma vie de littérateur. Comprenez que les longues balades en campagne ne m’intéressent pas et que je les considère comme du temps perdu. Par ces aveux, je prête le flanc à la critique des amoureux de la fleurette. Je n’y peux rien, c’est mon tempérament, je suis ainsi.

J’adore Colette lorsqu’elle parle des hommes et des femmes qui ont jalonné sa vie. Elle sait si bien raconter leurs amours, leurs défaites, leurs grandeurs et leurs bassesses… Incisive, le regard acéré, le cœur ouvert, mais toujours une griffe de chatte prête à lâcher son coup de patte, elle est notre meilleure écrivaine du 20e siècle. Je l’aime moins quand elle s’attarde dans son jardin, ou près de la cheminée avec ses chats ou ses chiens et je classe « Les vrilles de la vigne » et autres « dialogues de bêtes » dans la catégorie de ses textes mineurs. Je sais que les puristes Colettolâtres vont me détester. C’est la vie.

jllb

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