Nicomède

Nicomède

Nicomède
Il n’est jamais trop tard pour compléter sa culture classique. Je lis donc en ce moment quelques pièces de Corneille. Si « Rodogune » m’a enchanté, il n’en va pas de même de « Nicomède ». La raison en est simple : l’intrigue ne tourne pas autour d’une passion amoureuse (comme dans Le Cid ou Rodogune) mais autour de querelles de pouvoir qui opposent le courage et la vertu à l’hypocrisie et à la félonie.
Le pitch en quelques mots. Nicomède est le fils de Prusias, roi de Bithynie, né d’un premier mariage. Nicomède est un vaillant guerrier qui a conquis plusieurs royaumes et revient à la cour. Ce retour déplaît à Arsinoé, seconde femme de Prusias qui souhaite mettre son fils Attale (donc le demi-frère de Nicomède) sur le trône. Le royaume de Bithynie est sous l’influence de Rome et Arsinoé trouve en l’ambassadeur de Rome un allié qui voit d’un mauvais œil Nicomède devenir roi : ce grand chef porterait ombrage à l’empire romain. Au milieu de ces intrigues de cour se trouve Laodice, reine d’Arménie et prisonnière de Prusias. Elle est belle et les deux frères en sont amoureux. Le roi demande à Nicomède de choisir entre le trône et Laodice. Celui-ci refuse. Le roi offre donc le trône à Attale et l’ambassadeur de Rome demande à ce que Nicomède lui soit livré en otage. Il exige également qu’Attale renonce à Laodice car Rome ne veut pas que les royaumes de Bithynie et d’Arménie s’unissent. Le peuple se soulève lorsqu’il apprend que Nicomède est en danger. Il marche sur le palais. Attale, en admiration devant le courage de son frère Nicomède le libère, lui cède le trône et Laodice. Au final, Nicomède pardonne à tous et promet à Rome une alliance loyale.
Corneille dit qu’il a aimé écrire cette pièce où la passion amoureuse a peu de place face aux intrigues du pouvoir. Elle est cependant assez ennuyeuse. Les critiques ne s’y sont pas trompés car, malgré un succès d’estime, elle a été étrillée par de nombreux hommes de lettres. Voilà ce qu’en dit Voltaire :
« Ce genre de tragédie ne se soutenant point par un sujet pathétique, par de grands tableaux, par les fureurs des passions, l’auteur ne peut qu’exciter un sentiment d’admiration pour le héros de la pièce. L’admiration n’émeut guère l’âme, ne la trouble point. C’est de tous les sentiments celui qui refroidit le plus tôt. Le caractère de Nicomède avec une intrigue terrible telle que celle de Rodogune eut été un chef d’œuvre. »

jllb