Rodogune

Rodogune

Dans la série femmes célèbres, aujourd’hui : Rodogune.
Rodogune est le personnage principal d’une tragédie de Corneille. J’ai trouvé le texte dans un vide-grenier ce matin et je m’empresse, après l’avoir lu avec passion (je ne le connaissais pas), de vous en fournir la substantifique moelle.
La Syrie est en guerre avec le royaume de Parthes. Demetrius, mari de Cléopâtre et roi de Syrie part se battre contre Tryphon, roi de Parthes. On annonce à Cléopatre qu’il a été tué et qu’elle doit épouser un autre homme pour assurer l’avenir du royaume. Elle cède et épouse Antiochus, frère de Demetrius. Dans le même temps, elle envoie ses deux fils jumeaux, Seleucus et Antiochus (ce dernier porte le même nom que son oncle, ce qui prête à confusion) en Égypte afin de les protéger d’une éventuelle défaite, mais aussi de leur oncle qui pourrait vouloir les assassiner pour garder la couronne.
Mais voilà que les choses se compliquent, accrochez-vous bien. Antiochus (l’oncle) repart à la guerre et il est tué. Cléopâtre serait donc veuve à nouveau ? Que nenni. Elle apprend que son premier mari, Demetrius, n’est pas mort et qu’il est tombé fou amoureux de Rodogune, la sœur de Tryphon. N’écoutant que sa jalousie, Cléopâtre le rejoint, l’assassine et jette Rodogune en prison. (J’espère que vous suivez).
Elle rappelle ses deux fils auprès d’elle. Et voilà qu’à leur tour, ils tombent fous amoureux de Rodogune. Cléopâtre joue hypocritement la carte de l’apaisement et promet à Rodogune de lui donner l’un de ses fils en mariage. C’est en fait pour mieux se venger car, d’un autre côté, elle promet le trône à celui de ses fils (dont elle ignore les sentiments) qui tuera Rodogune. Voilà qui est cornélien, et pour cause.
D’autant que les jumeaux s’adorent et ne voient dans leur mère que la femme qui a assassiné leur père et leur demande maintenant de tuer celle qu’ils aiment. Ils s’en ouvrent à Rodogune. À son tour, celle-ci les exhorte à tuer Cléopâtre. Le drame s’épaissit. Laquelle des deux femmes vont-ils écouter ? J’arrête pour ne pas tout spoiler.
Cette magnifique pièce en alexandrins est inspirée de la vie de Cléopâtre Théa, reine de Syrie née en 165 avant J.-C. et qu’il ne faut pas confondre avec la Cléopâtre VII reine d’Égypte, vaincue par César et amoureuse de Marc-Antoine.
La tragédie de Corneille fut jouée en 1644 et publiée en 1647. Pierre Corneille lui-même pensait qu’il s’agissait d’une de ses meilleures pièces. Effectivement, à chaque acte, un coup de théâtre vient faire rebondir l’intrigue. Et l’utilisation des alexandrins donne encore plus de force au texte : 
« La haine entre les grands se calme rarement
La paix souvent n’y sert que d’un amusement » constate Rodogune en doutant des bons sentiments de Cléopâtre.

jllb

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